vendredi 30 novembre 2007

"Il n'y a pas d'amour heureux"

Fou je l’ai été, à en crever, pas pour lui, pas encore. Ce mec-là, je m’en foutais, je ne l’avais même pas remarqué, d’ailleurs à première vue je ne l’aurais pas trouvé beau, ce rouquin. C’est après, c’est son regard, c’est son sourire quand il gagna en franchise, c’est son ventre, blanc comme un éclair de lune, et son nombril que je baisais avec tendresse, ce trou d’évacuation de mes hontes plongeant dans ses entrailles, ce garçon m’a ému et je n’avais d’yeux que pour lui. Pfff. Je te jure. De le voir avec ses taches de rousseur et ses oreilles décollées me mets en joie. Je veux toujours l’embrasser. Même en public. Ça m’aurait fait rigoler, un doigt d’honneur à la foule, je vous emmerde je suis pédé. J’en aurais rougi aussi peut-être. L’embrasser. Je suis certain que ça le soooule, grave trop, mais quand même, un bisou. Je ne mange plus guère, à ce moment-là, je m’abreuve à cette source d’abandon, je m’enivre. Pfff. Comme si j’étais amoureux quoi. Alors qu’au début début je n’avais en tête que cette idée de baiser un bon coup, de passer le pas et basta, ciao, on se recroise.

Ou alors le temps d’un été. Une histoire qui se serait terminée sur un redoux d’automne, un amour déliquescent qui nous serait resté en rubans colorés dans la mémoire, à l’image de celui qui claque au vent derrière le chapeau, je crois, de Madame de Rénal, des lambeaux de joliesse, les traces d’une tardive et vive adolescence, comme on garde ténue en soi la belle émotion d’un film de la nouvelle vague à Paris. Ma nostalgie s’endormirait doucement, un cœur joyeux d’éternel nouveau né, si petit, si petit que je ne serais pas toujours capable de le nommer, battrait pour toujours dans un coin de mon cerveau, dans mes désirs et mes romans. Maintenant l’oiseau blanc et ses regards d’enfant blessé, ses francs sourires et les timides aussi, planent sur ma solitude.

jeudi 29 novembre 2007

Confesse

Je tremblais en sortant de la boîte gay et je devais paraître have. Si bien qu’il m’a dit là je le vois que tu es bourré. Je l’étais mais c’était aussi l’excuse que j’avais trouvée pour mon mutisme, mon malaise. Putain c’est comme si j’avais été téléguidé jusque là. Toute cette soirée, le bar de l’Atmo, le copain qui se fait une fille alors du coup je m’ennuie, je sais que je n’ai rien à faire ici, je voudrais être avec des pédés quoi, oh et puis surtout le coup de fil de la veille, à 4 heure du mat’, quand Jane ma pote, aussi schlass que moi, m’as dit : « Je te vois d’ici avec ton petit air distant méprisant tu dois être froid comme la mort dès qu’on t’approche… » et là-dessus elle avait raison, pas à dire, je le savais de toutes façons mais quand ce soir-là, plutôt que les remonter, j’ai descendu les pentes de la Croix Rousse jusqu’au DV1, la boîte gay… Lorsque l’oiseau blanc a posé ses ailes sur mes épaules et ses lèvres sur les miennes… J’ai pensé que je ne devais plus mépriser le regard qui me désire. J’ai pensé qu’une langue, un peu de salive… J’ai ouvert les lèvres, accepté l’intrusion. Faut pas rigoler, hein ? C’était mon premier baiser.

mardi 27 novembre 2007

Le bel oiseau...

« Chéri… »

Je rêve ou il m’appelle chéri ? Je me retourne et je dois faire une gueule particulière car il aurait presque honte le môme.

« Euh… Je peux t’appeler chéri ?

- Tu fais ce que tu veux, p’tit bonhomme »

Alors du coup je l’appelle p’tit bonhomme ça lui apprendra. Il sourit, pas le sourire quand il voulait arracher mes vêtements, un vrai sourire. Je me détourne, j’enfile mes jean’s.

« Chéri tu veux bien m’aider je dois aller à la Poste. »

Franchement qu’est-ce qu’on peut bien répondre à ça. Oui ? Il me confie ses papiers, sa carte bleue, comme s’il se mettait sous tutelle, ok, je prends, il se met sous mon aile. Je suis touché, ça me déstabilise pas mal, bon, faut dire que je ne suis pas non plus d’un naturel bavard bavard, en plus il m’a vu tout nu c’t’ange et du coup je le laisse un peu parler pendant qu’il replie le clic-clac.

« Oh faudra que je te montre j’ai trouvé un site Internet génial il y a une vidéo sur Britney tous les jours, je te jure c’est trop bien »

C’est trop bien.

« Elle va sortir un disque »

« Je suis allé la voir en concert »

« J’ai vu aussi la Madonna »

« Avec la Vincent on a attendu toute la nuit pour avoir des places tiens regarde les photos là Vincent c’est celle qu’est en Puma des pieds à la tête et qui tient un drapeau américain sur ses épaules, t’as vu la tente, c’est la notre, c’est une qu’on a emprunté y a pas besoin de la planter regarde c’est sur le parking, on s’est bien marré »

Trop bien.

Bien sûr, on pourrait dire que je suis cynique (avec un c), mais pendant qu’il me racontait tout ces trucs, je ne pensais pas à Britney… pourquoi aurais-je eu la gaule sinon ?

« T’as vu comme elle est mooooche ! » s’exclame-t-il en se serrant un peu plus contre moi.

« Chéri faudra que je t’emmène voir Kylie la prochaine fois »

Je lui dis que ça m’étonnerait p’tit bonhomme. Hem. Passons Justin Timberlake et autres chanteuses à pédé, et abordons eh bien disons… la télé ?

« Elle est super grosse » Je lui dis. « Ta télé »

« Ma télé oh c’est ma meilleure copine, j’adooore les séries américaines comme Desperates Housewifes et… »

Non, non, pardon, n’abordons pas. Plus le temps. Suce-moi vite fait qu’on aille à la Poste.

lundi 26 novembre 2007

Mentos

J’ai rencontré mon premier pédé grâce à l’Internet. A l’âge de 34 ans. Je me cachais derrière mon écran, un peu comme tout le monde, le Gentil Garçon, lui, m’a très vite donné rendez-vous, bonjour, bonjour, tu fais quoi dans la vie et demain à 17 heures ? Devant l’opéra ? J’ai dit oui avec la trouille au ventre, je lui ai dit que j’avais la trouille au ventre, il a rit un bon coup et m’a demandé : mais pourquoi ?

C’est ça. Pourquoi avoir peur. C’est ce que je me dis tout le temps. Comme s’il ne pouvait pas être, je ne sais pas moi, un bizarre. On a bu une bière, puis deux, on a mangé ensemble, je l’ai trouvé charmant et à la fin il m’a proposé un mentos. J’ai refusé bien sûr, par réflexe, en pensant que les bonbons ça fait grossir. Ce n’est pas que je sois au régime, je fais attention, alors un mentos, c’est quoi le rapport plaisir / sucre ? J’aurais voulu qu’il m’invite chez lui. Il m’aurait appris plein de trucs je suis sûr. Il m’a offert un mentos à la menthe, ah bon, et je suis rentré la queue basse. Ensuite, on s’est revu plusieurs fois, je me disais est-ce qu’il va sortir son tube de mentos et même j’ai acheté des Hollywood chewing-gum, en dragées sans sucre, parce que je me suis dit que c’était peut-être à mon tour de faire le premier pas, jamais je n’ai eu ce courage. La dernière fois, chez lui, un soir, tout d’un coup je veux partir et il me dit il n’y a pas le feu. C’est une invitation. L’occasion ou jamais de sucer un mentos. Il me parle avec douceur, il me semble fragile, la douceur chez un garçon, la fragilité. D’ailleurs en dévalant les escaliers je me retourne une seconde pour lui recommander de faire attention à lui. Pendant toute notre curieuse relation, qui ne dura au bas mot qu’un petit mois, il m’a répété cent fois qu’il acceptait une relation « sans ambiguïté » avec moi, ce qui ne me plaisait qu’à moitié, et là je crois lire un regret sur son (joli) visage. Je n’ai pas envie, je fouille un instant en moi mais rien. Je fuis. C’est fin mai, je sens en moi des poussées de désir, le printemps peut-être, mon livre m’appelle. J’aurais pu… enfin… mais mon désir, impérieux, m’empêcha d’aller dans son lit, qu’est-ce que je peux dire d’autre ? Alors, sûr, j’ai l’air bête aujourd’hui devant mon divx twink’s box taste my sperm gay porn xxx où il y a ce mec, celui qui a gardé ses chaussures et qui avale tout. J’ai déjà goûté le mien de sperme, pour savoir, quoi, c’est vrai que ça ne vaut pas le caviar (sur de la glace pilée avec un p’tit champagne avec des bulles fines fines fines). Enfin, quand j’ai quitté le Gentil Garçon tous ces trucs de cul (ou plutôt de queue) ne me faisaient ni chaud ni froid, rien. Je voulais écrire. Je vivais un printemps intérieur, mon roman bourgeonnait de mille mots en moi. Je ne ressentais que cette urgence, ce désir, ma fiction, ma lettre d’amour.

samedi 24 novembre 2007

La honte (3)

Dans une boite ou un bar de pédés. Mater les garçons. Observer les stratégies. Qu’est-ce que c’est moche, ça ressemble aux hétéros, les hétéros me dégoûtent. Une pauvre couillonne peut avoir deux ou trois mâles dégoulinant de bêtise, brûlant de lubricité, sur le râble qu’elle a plutôt large, enveloppé dans des jeans blanchis à la javel, mal coupés, incapables de contenir l’avachissement de la chair (à l’image, d’ailleurs, de son reprochable sous-tifs à la bretelle grisâtre tombant sur son bras gras). Et je ne parle pas (puis si tiens) de sa barrette-papillon en plastique rutilant au milieu de ses cheveux raidis au fer. Courtisée, la donzelle, non pour ses charmes, fort peu évidents, mais juste parce qu’elle a l’air « open ». Entre garçons, c'est-à-dire pendant que les filles s’emballent entre elles, on baisse l’éclairage et les plus jolis se branchent mutuellement, ils forment des groupes, consolident leurs frontières.

Bon ben une bière.

Je les regarde avec leurs fringues italiennes, sans classe, m’as-tu-vu, lunettes noires sur les joues, petits culs, appétissants, torses moulés, je les suivrais chacun au bout du monde, mais je n’ai pas le courage d’en choper un, le courage d’apparaître à mes yeux pour ce que je suis, un mec rongé de désirs lubriques, oui parce que je ne veux qu’une chose, je suis comme tout le monde, c’est leur mettre, avec douceur, au plus profond. Est-ce que j’ai honte de ça aussi ? Ni ma gueule ni mon corps n’attirent les hommes comme ma merde attirent les mouches (encore que ça reste à prouver, par contre, ma sueur... au bout de deux heures de marche il faut voir les nuées de mouches qui me poursuivent, je produis une sueur à faire saliver les mouches les moins bégueules), alors mon unique chance serait de dire bonsoir le premier. Bonsoir jeune patricien. Bon, puis après je dis quoi ? Faut m’aider, là. J’aimerais partager un cynisme bon enfant sur le coin d’un zinc obscur. Avec toi, oui, tiens, pourquoi pas. Comme l'oiseau blanc que je vais bientôt croiser, tu voudras chercher en moi l'étincelle sauf que toi, tu la trouveras. Aller, vaudrait mieux qu’on se croise maintenant parce que, à toi, je pourrais confier des trucs que même j’ai du mal à écrire. Tu m’offres un verre, je t’offre un verre, on parle en se dévisageant et on va partir ensemble. Tu me rassureras, ok ? Et voilà.

jeudi 22 novembre 2007

La honte (2)

Il faut toujours que la honte revienne. Ma fiction se fissure, j’ai croisé un regard, un reflet. Je n’ai pas écrit depuis plusieurs jours et je crois que j’en suis devenu incapable. Je me regarde. Je suis laid. J’ai honte. Je ne sais où diriger le faisceau de mon désir. Comme s’il se retournait contre moi. Il me vise le ventre, il entre dedans, il faut que j’aille courir, sinon… Je pourrais mourir, ce n’est jamais à exclure, je pourrais tenter de m’effacer devant un film de cul, je pourrais me blottir dans tes bras, je pourrais manger du pain noir aux noix pour noyer mon désir dans d’énormes quantités de merde. Car je ne sais écrire le livre qui s’illuminerait chaque fois qu’on l’ouvre, ou plutôt qui saurait être la représentation d’un désir fulgurant, le mien mais mêlé à celui du lecteur, explosions moléculaires concomitantes, vertu épidémique de la fiction, air et sang vicié par elle, par l’amour, par les désirs fluorescents qui s’empilent, s’élèvent, s’enfoncent, ciblent, louvoient, bref un livre/désir, un désir/livre, un roman d’amour. Au lieu de m’enfermer dans mon cauchemar, de gueuler SAC A MERDE ENCULE toute la nuit, de râler tout nu sur le plancher peint de ma chambre, au lieu d’essayer de m’arracher la bite avec les mains, au lieu d’enculer les morts, ouais, je pourrais même aller me bourrer la gueule, non ?

mercredi 21 novembre 2007

Sport

Dans la liste des moments où je vais mieux, il y a ceux que je dois au sport, à la dépense physique. Lorsque j’ai couru quelques kilomètres à fond, j’éprouve une petite euphorie, je suis content de moi. Si j’ai réussi un bon temps surtout. Après une grosse ballade en montagne j’ai un plaisir déraisonnable à étendre mes jambes, à me déshabiller. Les planches de bois du balcon, élastiques, amortissent mon poids. Le soleil qui a cuivré ma peau, à son tour rougit, peut-être de me voir nu, je me sèche en caleçon sous le petit vent. Mon corps n’est plus, pendant quelques minutes, ma honte.

Ma honte. Je chuchote. Ma honte. C’est ça, c’est ma pornographie, la honte. Le désir qui ne prête pas vie, le désir sans objet, la honte de soi.

Après une ballade je dors plutôt bien et quand je me réveille, j’aime écrire, travailler un peu. Bon puis j’ai faim. A midi, je mange, pas trop sinon… entre la culpabilité, le retour de la honte, quand le corps n’est plus vecteur de mon désir, qu’il n’est pas non plus l’objet du désir d’un autre, qu’il est mou, laid, bref, encombrant, entre ça et la maousse flemme qui pourrait bien me coûter une sieste, je plombe ma journée. Même endroit 16 h. Le choix crucial se fait là. Je bouffe, mon corps s’empèse, je prends mes clics et mes claques, je me promène – ou je cours – et mon corps se libère. Mon pas opère une scansion lorsque je marche, j’écris et autour c’est vivant, c’est musical et ça sent fort, c’est vivant. J’intègre le grand ensemble, moi aussi je vis, j’en éprouve la sensation, la sensualité. La végétation tour à tour me caresse et me blesse les mollets, je découvre un chemin recouvert d’herbes folles et, parmi elles, je suis bien.

C’est la vie, donc ce n’est pas la mort et ce n’est pas tout à fait l’oubli du corps, puisqu’il sent, puisqu’il jouit et qu’il souffre. Cependant, il ne pèse plus le même poids, il n’est plus le centre de mon attention. Il devient le centre de l’univers. Je crois que je ne le vois plus, il est toujours présent mais comme fantasmé, rayonnant tel un petit soleil.

mardi 20 novembre 2007

Le film porno

On dit toujours que le positif c’est le haut (du panier (oh mais ce n’est pas pour ça que je n’y mettrais pas la main ah ah) de la montagne, de la pyramide…). Et le bas et ben c’est quand je suis en dessous de tout. C’est comme ça qu’on dit. Bon alors voilà je suis plus bas que terre. Je me mate deux garçons tout nus qu’ont des bites comme des bras et qui s’enculent et tout. Un film. Des fois ils se pissent dessus, Piss me up, je pensais que j’allais peut-être trouver ça drôle et en fait ce n’est même pas dérangeant c’est juste crade. En plus ils doivent à moitié se brûler ces cons-là. Ce que je remarque en revanche c’est l’attitude de soumission du mec, il s’offre, à la limite l’autre pourrait bien lui chier dans la bouche. Je ne sais pas pourquoi il existe ce genre d’attitude dans le sexe. Spécifiquement chez les pédés, enfin, parce que chez nous, si je puis dire, c’est un sujet. Il y a une volonté d’avilissement par l’acte sexuel que je peux ressentir parfois. Je voudrais n’être plus rien. Une chose. Etre consommé, comme une baguette de pain ou une barquette de fraises, un truc agréable qui excite la gourmandise. Ou plutôt la voracité. Etre consommé, se consumer. Est-ce la manifestation d’un désir de mort ou d’une absence de désir qui me pousse à l’impérieuse nécessité de me fondre dans le désir d’un autre ? Est-ce que je veux mourir ? Et si l’expérience de la mort était la seule façon de se savoir vivant ? L’orgasme on a dit que c’était « la petite mort ». Vu comme ça, celui qui se soumet, cherchant à n’être plus rien, ne veut-il pas atteindre l’absolue volupté ? Qui se pourlèche de foutre, et surtout de celui qu’il recueille sur son visage, ne trouverait donc à donner naissance au monde – à l’animer – que dans la négation de soi et, simultanément, dans l’évidence et la projection du désir d’un autre ? La jouissance de l’humilié serait dans la certitude, ou au moins dans le spectacle du désir de son maître (appelons-le maître) ?

Le film porno. Il va bientôt finir et je n’ai même pas sorti ma bite (appelons-la bite). C’est vrai, il y a surtout des jours ou je voudrais consommer un garçon. Mais le corps que je fantasme au bout de ma queue (appelons-la aussi comme ça), jamais je ne veux le tuer. Avec mon glaive, avec mes dents, avec mes bras qui l’enserrent, je le veux sentir frétillant et vif. Oui parce que bien sûr il y des histoires de mecs qui se branlent dans des cadavres, moi ça ne me dit rien. Ici c’est pas Dennis Cooper, dommage, ouais, bon. Faut vivre dans un cauchemar pour ça, enfin pas pour l’écrire (et d’abord je ne connais rien à la vie de Dennis Cooper), mais pour le faire, en vrai de vrai. Genre schizo laissé à ses délires, je vois bien mon voisin du dessous faire un truc dans le genre, d’ailleurs TA GUEULE PAUV’ CON, j’en profite pour dire officiellement que j’en ai marre de cette raclure puante qui s’égosille nuit et jour, JE ME CONCENTRE JE BOSSE TA MOUILLE SAC A MERDE TOI-MEME, putain ce gars-là il a dû baiser sa maman un paquet de fois depuis qu’elle est morte, mais moi non je n’en suis pas encore à cette extrémité, je peux encore me branler tout seul (en plus ma mère n’est pas morte). Et le garçon bien vivant contre ma peau (j’en étais là non ?), il m’offre son trou, il se tortille, ou alors j’encule sa bouche, ploc, ploc, ploc, j’accélère, j’accélère et je n’ai aucun mépris pour lui, au contraire je lui suis reconnaissant, c’est un peu con de dire que je lui suis reconnaissant, mais quand même je le trouve mignon et j’espère qu’il a ce qu’il veut.

lundi 19 novembre 2007

Avant l'oiseau : le désir sans objet

Ce que je vois bien, là, c’est que je ne sais m’accrocher chaque jour à des motivations, à des raisons de vivre, c’est l’évidence, j’ai des hurlements, des trucs pas clairs, des sanglots, des désirs qui ne trouvent pas d’objet. Pour ça, je ne connais que l’écriture, et aussi courir, marcher, bouffer, gicler, ah oui gicler. Ce n’est jamais assez de toutes façons, enfin si, je pourrais bouffer, à la Marco Ferreri, jusqu’à en mourir, oui, mourir, c’est ça, c’est une solution. Qui sait, cela arrivera peut-être. En attendant j’ai besoin d’aller à la montagne, d’observer le ciel et de guetter le rayon vert comme un connard épuisé par des heures de marche au soleil. J’ai besoin d’avoir vécu un temps, chaque jour, avec mon livre. Et… J’ai besoin de toi. J’ai besoin de laisser mon désir rayonner non comme un astre qui tombe sous la crête d’une montagne, non comme une agonie, même sublimée par sa couleur ou par mon regard attentif et hagard, plutôt comme une projection explosive de tous mes sens, depuis mes muscles tièdes et élastiques, depuis ma bouche mouillée, depuis mon sexe pas dur, pas encore, juste avant, quand il émet son appel, depuis mes idées qui construisent, depuis mes mains qui forment des mots, qui caressent ou qui voudraient caresser. Mes pieds, alors, par la plante, tâtent d’un monde transformé, mes oreilles l’entendent, mes yeux le voient et je le respire : oui le monde est différent, il est vivant. C’est ce que mon désir fait au monde : il l’anime. Je te désire toi d’abord, l’homme ailé qui n’est pas encore l’oiseau blanc. Je désire mon livre alors qu’il n’est rien. Et si je n’ai, à ma porté, ni ta chair palpitante, frissonnante, ni les mots que j’essaie de griffonner, voilà, par exemple maintenant, les yeux cherchant le regard de Calaferte ou baisant la paupière fermée d’un amour ancien, mon désir creuse un gouffre sous moi, dessèche le monde, ou plutôt non : le liquéfie, me le colle à mes bottes, me fait des bottes de vide, lâche son sperme noir sur ma gueule, m’efface sous son flot de vide, m’aspire dans sa grande bouche Ô mon dragon, mon délicieux dragon, pourvu que tes lippes en feu, terrifiantes et saumâtres, pourvu, pourvu… Ah… Que ce ne soit pas un con ! Un vagin voudrait-il m’absorber ? Non ! Non ! Laissez-moi ! Laissez-moi sortir ! Je veux sortir de là ! Eho ! Y a quelqu’un ?

dimanche 18 novembre 2007

La honte (1)

Est-ce que je suis en train de tomber amoureux ? Pas ça, pas maintenant. Je ne peux pas baiser comme tout le monde et basta, ciao, on se recroise ? Power of love is cleaning my soul. Le sentiment me libère de mes hontes c’est vrai.

Pureté (2)

Un goût de queue persistant que je remâche sans y croire, pas très agréable, pas satisfaisant. Je vois les gens qui sortent de chez eux, qui vont au boulot peut-être, et moi je sais que derrière mon visage impassible, derrière mes lèvres scellées, mes papilles gardent le souvenir de sa bite. Je n’aime pas trop ce goût en faits. Sa queue, à mon oiseau, j’ai du mal à l’enfourner, ce n’est pas que j’hésite, je me dis mais tu te rends compte de ce que tu fais, là. Son ventre blême est une flaque mouvante de lumière dans l’obscurité de la chambre. Pendant la nuit, il y a le don, le baiser, l’extase, qui n’est certes pas dans le soulagement du désir mais bien au contraire dans le désir lui-même. Le désir n’est pas une douleur qu’il faudrait soulager : c’est ce que je projette vers l’univers et me permet de me fondre en lui. L’oiseau et moi serrés l’un contre l’autre, l’un pesant sur l’autre, échangeant des coups de langues et des fièvres. Quand après trois heures à son côté je suis sorti de chez lui j’avais à peine dormi et cette réminiscence sur ma langue, tandis que me brûlait la vue la lumière coruscante d’un matin d’été, était la preuve de mon passage dans l’autre monde. Un jus de gland peu ragoûtant mélange d’urine, de foutre, de sueur et peut-être aussi de savon. Dans le métro avec ce goût.

Pureté (1)

Aujourd’hui un grand oiseau blanc est venu se poser sur moi et son poids sur mes poumons m’est un délice d’air pur.

samedi 17 novembre 2007

L'étage suivant

A partir de là, tout change. Le baiser, même raté, transforme ma vision, annihile mon fantasme, esquisse une autre histoire, ce roman ? En tout cas je ne te regarde plus pareil. Tu n’es plus celui qui embrasse une jeune fille, à l’Atmo, à la plage, partout où je t’ai vu le faire. Tu n’es plus là. Tu t’es déplacé. Tu n’es plus ce garçon brun et longiligne que je ne me suis jamais lassé d’épier et tu ne vas pas te retrouver ce soir là à la porte de chez moi. Tu devais venir coucher, ce soir-là, tu habites une banlieue et tu es bourré, c’est dangereux de conduire bourré, enfin, les flics sont partout pendant que la justice, hein... Bon bref tu n’es pas venu en caisse, ça limite les risques. Bien sûr, tu pourrais essayer de niquer ta nouvelle recrue mais, bon, pas de capote. Pas de bras, pas de chocolat, c’est bien connu. Tu sonnes sans cesse à ma porte, oui, c’est peut-être toi, après tout, tu essaies tu essaies, c’est logique, tu me crois à l’intérieur.

« T’es mignon »

Mon pote, il pense qu’il va dormir sur le paillasson, à moins de rentrer à pieds, ça fait une trotte jusque chez sa mère alors il s’affole un peu. En plus il est saoul ce lourd et il faut s’attendre à ce qu’il commette quelque bêtise.

« On va s’asseoir ? »

En plein mois de juillet une fenêtre est restée ouverte, ma mère habite au deuxième, mon pote entame l’ascension.

« Je peux te poser une question ? »

D’abord la porte de l’allée, un énorme panneau de bois sculpté qui ne présente guère de difficultés, puis l’enseigne du coiffeur, mon pote réussi sans peine à se hisser sur la corniche de l’entresol.

« Tu es venu seul ? »

Mon pote, il lui faut maintenant atteindre l’étage suivant.

« Je peux te poser une question ? »

La pointe des pieds sur le rebord de la fenêtre de la voisine du dessous, il attrape la corniche du deuxième.

« Tu fais quoi dans la vie ? »

Mon pote est maintenant en plein milieu de la façade, l’avant-bras posé sur la corniche de pierre, la main droite tendue au-dessus de lui.
« Journaliste, je suis journaliste »
L’enjeu est de choper la grille de fer forgé qui orne le bas de la fenêtre visée, puis de s’accrocher comme à la vie.

« Ah ? Carrément ? »

Impulsion.

« Tu viens chez moi ? »

Le baiser (2)

« Tu as du feu ? »

Je remarque que le garçon qui m’aborde n’a pas de cigarette à la main. Je réponds :

« Pour quoi faire ? »

Il me sourit.

Non.

« Tu as du feu ? »

Je réponds non et je remarque qu’il n’a pas de cigarette à la main.

« J’ai arrêté de fumer »

- T’es mignon »

Je viens de traverser la boîte, avant c’était le Kino ici, une salle de concert alternative, je n’y ai jamais rien entendu de mémorable, je n’y allais pas trop en faits.

« T’es mignon »

Entre deux salles, les chiottes dont on a découpé le haut des portes, puis un couloir étroit en épingle. C’est là qu’un tout rouquin m’adresse la parole.

« T’as du feu ? »

Il demande et moi je réalise qu’il me drague. Je m’apprête à lui mettre un vent. Je suis en train d’armer mon regard de tueur, il a un air vicieux quand il me dit :

« T’es mignon »

Il me plaque contre le mur, tente de m’embrasser. Je détourne le visage. Je cherche ses yeux. Il recommence, plus lentement. Premier baiser.

vendredi 16 novembre 2007

Le baiser (1)

C’est une soirée. Avec toi. Avec les autres aussi, un ou deux amis de nos vingt ans, la bohèmeu la bohèmeu. On est à l’alcool blanc, on cache la bouteille dans la rue et on y va à tour de rôle. La bohèmeu. L’Atmo est un bar qui existait déjà, à l’époque, mais aujourd’hui on a 35 ans et ça nous fait bien rire d’être toujours aussi bête. Comme d’habitude tu aimantes une nana, tu me négliges, elle a l’air de t’adorer et je ne peux rien dire, d’abord je suis hétéro, ensuite, toi, hétéro, il n’y a pas de doute. Je pars seul, pas de quoi s’alarmer, pour toi comme pour les autres car vous savez tous que je suis le plus insatiable, la vodka c’est mon truc. Je sors seul dans la rue, montée des carmélites, tandis que ça chauffe dur la donzelle sur un Noir Désir un peu trop langoureux. Je prends le chemin de la maison, c'est-à-dire de chez ma mère, oui je squatte un peu en ce moment, c’est juste qu’elle est en vacances et que son appartement est un poil plus confortable que mon trou à rat qui pue. En plus elle a la télé. Cette nuit-là, inspiration de dernière minute, je dévie de ma trajectoire.

On pourrait même croire, ici, en une contraction subite de l’espace / temps. Plutôt que de les remonter, je descends les pentes de la Croix Rousse.

Les deux impulsions, aussi curieux que cela puisse paraître, ne se contredisent pas. Elles sont concomitantes et, sur le moment, synonymes :

1 – Je décide de rentrer chez moi ;

2 – J’entre dans la boîte de nuit gay.


Regardez ouam

Regardez-le. Regardez ! Le passant qui sourit en marchant. Il remarque la courbure d’un nez. Il admire l’épaule carrée d’un garçon honnête qui fauche le pavé. La poitrine opprimée, engoncée dans une veste grise, il y a quelque naïve maladresse à vouloir ainsi se cacher du soleil, mademoiselle. Le petit gars volant à travers la fenêtre du métro le regard attentif ne pas perdre de terrain ne pas perdre de terrain. Comment ne pourrait-il pas sourire, le passant fredonnant la bohème la bohème. Et cette femme hilare déchirant les désirs un canon sous le bras chantant riant de la provocation de l’indécence évidente de son sourire.

Je ne t’ai pas raconté ma journée il faut que je te raconte. Il y avait cette danseuse, mais avant, cette femme qui chantait à tue-tête dans le métro elle se déplaçait de publicité en publicité avec un pull rouge et de longs cheveux noirs elle improvisait un air sur tout ce qu’elle pouvait y lire et son compagnon – ah oui, elle avait un compagnon – son compagnon demandait aux gens à ceux qui étaient assis quelle publicité ils voulaient qu’on leur chante. A moi ils ne m’ont rien demandé je leur faisais pourtant de grands sourires. J’avais préparé le truc, je n’aurais pas dis un mot l’espace publicitaire était vide au dessus de moi, tu sais comme je suis, un petit geste pour leur montrer voilà, chantez-moi ça.

La danseuse, c’était après.

Une vraie danseuse, hein. J’avais rendez-vous avec elle. Oui. Moi, rendez-vous avec une fille. Une danseuse.

Je l’ai vu j’ai été déçu parce que je croyais que j’allais enfin connaître le coup de foudre, tu sais, le genre de machin que tu ne comprends pas, qui t’arrive sur le coin de la figure sans que tu t’y attendes, et bien moi, je m’y attendais ce jour là. J’avais prévu de tomber fol amoureux, et j’y croyais à un tel point que je suis arrivé au rendez-vous avec près d’une heure de retard. Tellement j’avais la trouille.

Et puis rien. Je la vois je fais un bon sourire, mais faut que je force.

jeudi 15 novembre 2007

Boujour Blog

"C'est une plaisanterie ?
- Nan. Un Blog."