Je sais qui tu es. Telle une ombre prométhéenne tu glisses sous les portes et tu fais le don du feu au fou. Silhouette agitée par la présence des mouches, tu jouis du corps à corps avec moi, tu me blesses au front, une nuit de beuverie et… m’as-tu vu cul nu sur le muret pentu de la rue des Fantasques ? Je me suis maquillé ensuite avec mon sang, je me suis caressé, à travers le slip, je bandais durant notre bataille, tu voulais la volupté, je te l’avais promise. Je t’ai aperçu si souvent, du coin de l’œil, au détour d’une phrase, et te voilà ici devant moi. Sous moi.
Boumboumboum.
Noire, en effet, mon cruel sigisbée, tu l’es. Maintenant, je me dis, je suçote ton téton, tu te tais et tu siffles, dans ma gorge, les premières mesures de l’abandon. Sur mon lit, qui n’est qu’une idée blanche où je me vautre, mes mains te créent un corps mince et remuant, ton visage inventé se tord tandis que mes dents te façonnent le frein. Ah tu me suis ?
Boumboumboumboum.
Mais tu ne peux plus fuir. Tu es à Ouam. Je cartographie, je trace, je délimite ton territoire. Avec mes dents, avec mon couteau, je te coupe, je te déchire. Je t’ouvre comme un livre, une plaie, tu sens bon l’encre fraîche, mon sigisbée, ton sang est noir et tu le déverses sans plainte, ou alors elle m’est inaudible, elle sourd, ta souffrance est liquide et se déverse dans la chambre. Je te lis.
Boumboumboum.
Tu es à Ouam, infâme ? Non tu es en Ouam. Ouvre tes cuisses, cambre-toi, montre ton trou, que je me déleste enfin de ce qui pèse depuis si longtemps, dans mon bide, le long de ma colonne vertébrale, dans mes burnes et qu’il soit comblé, plein de moi ! Tu agonises, je brandis mon couteau, je ne dessine rien, je lacère, je défigure, je m’abreuve à tes dernières gouttes, je n’en peux plus de ces romans que tu te fais, de ces vies que tu inventes et qui sont là, aussi vraies que natures. D’accord, les humains ne sont rien sans leurs ombres furtives, leurs humeurs et leurs histoires. Je ne suis rien sans toi.
« Ouam je sais que tu es là »
Mon corps est lourd de tant d’absence. Noire Sigisbée, tu me suis ?
Boumboumboum.
On frappe à la porte.