vendredi 13 juin 2008

Bus

En ce printemps pluvieux s’épanouit la fleur comburante. Mes sublimes Van’s bleues électriques donnent des signes de fatigue, elles pompent l’eau des flaques avec un chuintement qui manque de classe. Dernière sortie pour elles, j’en ai peur. Les trottoirs luisant sont déserts, je traîne les lambeaux blancs de mes jean’s et ma musique jusqu’à l’arrêt de bus Opéra. Non, je ne me balade pas avec du plastique dans les oreilles, je chante. Je chante, je pense à toi. J'ânonne des airs improvisés. Je ne saurais autrement te susurrer ces mots d’amour, irradiants, piquants, puissants, qui me sont autant de shoots violents et des appels, y’a quelqu’un ? Eh y'a quelqu'un ? C’est presque comique, je connais des gens qui croient qu’il y a « toujours quelqu’un », une sorte de foi que je n’ai pas, pourtant je ne peux m’empêcher de chercher à sentir ta présence, non loin, ton sourire, ta confiance. Dans les transports en communs, je croise la stupeur magnifique d’une petite troupe d’adolescentes, un homme à la grâce involontaire qui les toise, la touchante fatigue d’une vieille dame qui, peureuse, se détourne. Tandis que je m’éloigne du centre de Lyon, avachit sur un siège, le paysage s’abîme, s’effrite et la vitre du bus, striée de vergetures translucides, me glace le front. L’orage s’énerve, je me sens bien au milieu de ce maelström hypnotique, je chantonne, je dois faire l’effet d’un fou à mes quelques compagnons de voyage mais qu’importe. Et si l’un d’eux, lui, le garçon, venait à me reconnaître, à aimer le petit air récurrent qui s’installe autour de moi ? Il se poserait, précautionneux, sur le siège libre, pour m’écouter. Je chante pour lui. Ou bien pour ce petit garçon qui n’a pas peur de s’étonner, de l’autre côté de la vitre, nous nous regardons un instant. Il courrait en riant, il s’arrête, le temps de ce curieux échange. Combien de fois ai-je ainsi rencontré un peu plus que le regard d’un môme, tiens, le sourire me gagne. J’aime apercevoir ainsi, par exemple sous la pluie, au coin d’une rue ou d’un jardin, ces petits animaux de désirs. Je me souviens le feu sous la peau, sous les sourcils et la tignasse brune, dans le K-Way froissé, dans les bottines. Je le sais, seul en moi le sentiment de toi saurait imiter ce juvénile embrasement. Encore quelques arrêts.

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Malgré la pluie et l'orage, j'ai ressenti un vrai moment de douceur en te lisant ce matin.

christiane a dit…

Chaque langue est libre, profondément libre et doit le rester...

jane a dit…

Je vois que t'as eu de mauvaises fréquentations,
Je me demande si l(odeur de trou de balle qui les dérange ne vient pas de chez eux.

Ouam-Chotte a dit…

@Olivier : ;)

@christiane : merci. La RdL m'a mise à rude épreuve dernièrement, et le seul com de soutient a été... censuré. Je comprends que l'invective, ou plutôt l'insulte, est un mode de fonctionnement assez commun dans ce blog.
Bref, merci encore, votre phrase me rassérène un peu.

Ouam-Chotte a dit…

@jane : t'es ma meilleure copine

jane a dit…

Ah tu vois...

jane a dit…

Je te le copie colle parce que dans 2 minutes il va être effacé.

"je me demande si l’odeur qui vous dérange ne vient pas de chez vous.
Supprimer des commentaires pourtant si peu dérangeants juste parce qu’ils ne laissent pas quelqu’un seul face à la meute, c’est quoi ça?
Certains ont besoin de justifier qu’a une époque (oh ) ils ont pu, eux faire la vrai révolution et que bien sûr, ils en ont vu d’autre.
Mais c’est quoi qui vous dérange?
Si vous ne pouvez pas supporter de lire ce que ouam écrit fermez la porte comme dirait l’autre.
Et puis franchement pour pour en revenir au contenu de son blog, vous êtes bien choqué pour peu de choses, ça me ferai marrer de penser que certains d’entre vous pourraient (ça ne m’étonnerais pas) se réclamer d’Hara Kiri.
Mais la aussi comprend qui peut."

christiane a dit…

Jane, que je ne connais pas, vos colères ont une enfance drue et émouvante, un visage d'enfant qui retient ses larmes en essuyant son nez du revers de la manche, les cheveux fous, tout emmêlés de bataille
un tout petit bout d'homme et fier et courageux qui dit relevant la tête "- même pas peur, viens voir si tu l'oses j'vais faire ta fête!"
ah ! vous êtes irrésistibles tous les deux ! j'adore vous lire.
grande complicité grande amitié aussi de celles qui disent le goût de l'aube, la faim au ventre, les yeux cernés, la gueule de bois mais les étoiles dans les yeux, ça oui !

Ouam-Chotte a dit…

@christiane : ...des étoiles et des larmes, grâce à vous.

jane a dit…

ah dis donc la c'est moi qui sais pas quoi dire, c'est tellement gentil et si joliment dit.
Je crois que vous ne vous trompez pas.
Votre mot mot a presque une odeur de tarte aux pommes...

christiane a dit…

De la tendresse pour vous deux, un chaud manteau de tendresse. Là vous ne risquez rien. Reposez-vous, amusez-vous, aimez-vous et laissez le ciel stérile à ceux qui l'ont désincarné...
Bisous !

christiane a dit…

Ouam-chotte,
idem

Víctor M. Fdez. a dit…

Cher ami; oui, je suis-la... mais maintenent j'ai beaucoup de travail pour te lire: je debutarais au thêatre le 24 juin. Est-ce que tu veux re-venir en Madrid. Je jouearais du 23 au 29 juin.
Je t'embrasse et je te dis a bientôt.

Farfalino a dit…

Je ne connais pas la république des livres. Je sais juste que sur ce genre de blog je ne laisse quasiment aucune com' : il y a trop de passage pour que ce ne soit pas rapidement une cacophonie de digressions, d'interprétations douteuses, de plaisantins et de personnes un peu bas du front.

J'avoue n'avoir pas chercher sur ce blog dans quel billet tu t'étais fait éreinté.

Anonyme a dit…

moi je suis allé voir, et vraiment j'ai trouvé ça désolant,
mais à quoi s'attendre d'une bande de branleur qui s'amuse à branler en rond bouffis de leur autosuffisance ?
Il est facile pour eux de t'épingler sur une citation mal comprise, quand tu prends certains de leurs propos et sans interprétation aucune, tu vois que sous couvert d'un intellectualisme bon ton on y trouve des idées plus que douteuses (de l'homophobie c'est certain, mais aussi beaucoup de racisme, ou de préjugés limites...)
j'aime beaucoup la réflexion de Co. euh excuse, ;) de Jane, sur les soixante huitards sur le retour qui se réclament d'hara kiri,
Ce n'est pas la peine de te laisser démonter par ces critiques nauséuses, elles n'ont aucun intérêt sachant de qui elles viennent,

Anonyme a dit…

grabuge à la rdl?
manière comme une autre de casser du pédé
quand on dit un de perdu...
tu vois, les potes qui sortent du bois
sans leur faire l'honneur de les lire, d'ac' avec Jane sur la provenance et l'odeur
des bises

Anonyme a dit…

On s'absente quelques jours, et pouf, il a un malheur. Faut pas t'en faire, Ouam, ça fait un peu partie de l'exercice de l'écriture sur blog que d'attirer l'insulte. C'est même un signe de reconnaissance. Quand on suscite des propos haineux, ou juste malhonnêtes, c'est qu'on sort de l'anodin. De toute façon, tu ne laisses pas indifférent. Cela ne peut pas toujours prendre la voie de la louange.

Ouam-Chotte a dit…

Merci à tous de vos petits mots. Car les insultes et autres (iniques) accusations ont réussi, je l'avoue, à nourrir le doute. Le genre de truc dont je n'ai mais alors pas besoin du tout.

fabrice, je ne réussis pas à aller sur ton blog.

saddict, une bise.

Farfalino a dit…

Je viens de mettre à jour mon profil Blogger.

Bon courage avec ce site mal fréquenté.