vendredi 20 juin 2008

Journaliste (2)

J’aime cette situation d’observateur privilégié de l’œuvre en création. L’artiste que j’interroge essaie de me donner des clefs de compréhension, il me facilite la lecture, oui, c’est un grand privilège. Rares sont les chorégraphes, les metteurs en scène ou les auteurs qui n’ont pas d’idée sur ce qu’ils font (enfin il y a des tocards) et mon danseur n’hésite pas à se confier, avec douceur. Je regrette de ne pas voir le spectacle avant d’écrire mes deux feuillets. Quand j’ai la chance de voir le spectacle à temps, une générale ou un filage, mon boulot c’est de faire fonctionner ma machine à interprétation car je ne peux me permettre de dire tiens, c’est beau. Et puis de toute façon il n’y a rien de plus révoltant qu’un truc juste beau. In fine, une œuvre qui n’a aucune signification revendiquée promeut la pensée unique, c’est de la collaboration passive. Ce qui n’a pas de sens est ultralibéral, moraleux, voire papiste. Donc, je ne peux me satisfaire, j’interprète, je fouille, j’essaie de comprendre. Deux danseurs, s’ils ne se touchent pas, je pense que c’est parce qu’ils ont peurs (ou honte, ou autre, bien sûr, cela dépend de leur jeu) et j’essaie de déterminer quelle contrainte, sociale, politique… empêche leur rapprochement; s’ils se battent, je peux penser que c’est par amour, l’un pour l’autre ou à cause d’une belle, même (et surtout) lorsque l’argument de la pièce est, genre, une lutte de pouvoir, deux bandes rivales qui se disputent un territoire. Le spectacle vivant montre des corps, il est par nature sensuel et, par suite, sexuel. Il n’est pas que cela, certes. Mais d’une façon générale, sans pour autant proposer de définition, et si j’en crois ma propre pratique littéraire - ou ce que je perçois des discours des artistes - ce que l’art propose, c’est une expérimentation du désir. Le peintre veut une couleur, il va tenter tous les mélanges, avec acharnement, jusqu’à ce qu’il l’obtienne : on ne me fera pas croire que c’est comme une envie de pisser, ce n’est pas le besoin qui le guide, alors qu’est-ce ? L’art c’est notre désir qui fait monde. Alors je ne suis pas de ceux qui réduisent leur désir à la « chose » sexuelle, néanmoins je suis convaincu que l’on ne peut placer le sexe ou même la pornographie hors du champ de la culture et de l’art. D’ailleurs, on ne m’a jamais fait plus beau compliment que lorsque l’on m’a reproché de mettre « trop de matière » (traduire « trop de mon corps ») dans mon écriture. Premier Jet, en effet, c’est de l’encre, du sperme et (sans dévoiler la fin) du sang.

Mon danseur, je ne l’ai jamais vu sur scène, mais je me passionne pour son travail, je me dis voilà un homme. Je suis prêt à parier sur lui, mon papier sera un des meilleurs depuis longtemps, j’en suis sûr. Mes seuls articles valables, à vrai dire, sont des lettres d’amour.

« Il paraît quand le papier ?

- Le jour de la première, c’est mercredi ?

- Oui.

- Alors mercredi »

12 commentaires:

Farfalino a dit…

Les vrais créateurs et les artistes me fascinent aussi. Ils ont un regard différent du notre et je suis assez d'accord sur le désir qui les anime.

Je n'ai jamais vu un vrai spectacle de danse, les seuls extraits que j'ai vus à la télé, au détour d'un magazine culturel ou un reportage m'interpellent.

D'ailleurs cette année parmi les spectacles qu'on va voir, j'y ai inclus un spectacle de danse.

Anonyme a dit…

" A ***
Tu es mon amour depuis tant d'années,
Mon vertige devant tant d'attente,
que rien ne peut vieillir, froidir;
Même ce qui attendait notre mort,
Ou lentement sut nous combattre,
Même ce qui nous est étranger,
Et mes éclipses et mes retours,
Fermée comme un volet de buis,
Une extrême chance compacte
Est notre chaîne de montagnes,
Notre comprimante splendeur.
Je dis chance, ô ma martelée ;
Chacun de nous peut recevoir
La part de mystère de l'autre
Sans en répandre le secret ;
Et la douleur qui vient d'ailleurs
Trouve enfin sa séparation
Dans la chair de notre unité,
Au centre de notre nuée
qu'elle déchire et recommence.
Je dis chance comme je le sens.
Tu as élevé le sommet
Que devra franchir mon attente
Quand demain disparaîtra."

René Char ...et moi...pour toi

jane a dit…

bon alors quoi on va pas se laisser impressionner par une déclaration blogguienne, quenelle dis y voir kekchose...Gary reviens tu vas finir par sentir la crevette et tu sais que ça va faire mauvais genre!

Anonyme a dit…

Alors là, quand on fait des déclarations comme ça, on n'a pas le droit de rester anonyme ! Le pov' Ouam, y doit être tout chose après un truc pareil ! Y'a des gens, y sont inconscients ...

Alors, patatra, je lance le grand jeu de l'été ! Qui parmi les commentateurs réguliers de ce blog a bien pu écrire ces lignes ? Qui est notre invité mystère ? (Allez, Jean - Pierre, c'est votre dernier mot ?) Attention, ici, pas d'argent à gagner, mais :
- pour le premier prix, un week end en tête à tête avec le Ouam de votre choix,
- pour les deuxième au cinquième prix, une photo numérique de ouam à oilpé, pour mettre en fondd'écran,
- pour les autres, la joie d'avoir participé à ce qui sera reconnu par les générations futures comme un tournant de la culture occidentale.

Anonyme a dit…

Vu l'heure d'envoi (5h48) du comm' "pousse-ton-René-Char-Ben-hur", m'étonnerait pas qu'il provienne de St Ouen! Un coup d'oeil sur tes statistiques,là où y a les I.P de tes visiteurs et tu auras ta réponse, Ouam.
Pas besoin de se la faire Soubirousse pour apercevoir le nez de la Vierge Marie. En ce moment: il semble qu'elle soit partout.

Garde le moral.
à quand Journalise (3)?
amications salledattentes
dB

Anonyme a dit…

Je vois pas qui ça peut-être, à part la lovedreameuse, elle est badine ces temps-ci et fort goulue + elle n'a pas encore com. Etant donné que Jacky Sardou est morte, c'est la seule suspecte.

jane a dit…

moi je verrai bien" sous le signe ", une idée comme ça.

Anonyme a dit…

"Sous le signe" , C'est qui "Sous le signe" ? On m'cache des trucs ?

Anonyme a dit…

fait chaud la...

Anonyme a dit…

24 años después lucharemos por reinar en Europa
Rusia
0
3
España
Final

* Luis: "Cumplimos el objetivo"
* Fotos. Partido I Afición I Ambiente
* Envíanos tu titular del partido

Baño... y a la final
Por JUAN JOSÉ ANAUT

España volverá a disputar una final de la Eurocopa, 24 años después, tras pasar por encima de Rusia (0-3) en una segunda parte de ensueño. Xavi, Güiza y Silva hicieron los goles. Lo peor fue la lesión de Villa, que es baja ante Alemania.


Si gana España ¡YO ME RAPO!

Ouam-Chotte a dit…

@oualala jane, te rase pas la tête fait pas l'idiote.

@l'enquête : un indice, peut-être, René Char, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval.

Anonyme a dit…

(sur un ton innocent) Qui a fait une licence de lettres classiques ?

Jane : ça y est, t'as pété un cable ?