mercredi 16 juillet 2008

L'absence (2)

Jane et sa petite famille m’invitent à manger et c’est drôle ce qui se passe, je joue au foot avec les mômes dans le jardin, ils braillent au moment de se coucher, je pars une heure ou deux plus tard avec une petite euphorie, rasséréné. Tonton Ouam était un peu en famille. Je vais replonger pourtant, je le sais. Je réprime déjà un frisson lorsque se ferme derrière moi la porte de Jane. Je vais me noyer sous les flots du lac bleu. Je n’ai pas eu trop besoin de parler, j’ai laissé ma copine me raconter sa journée, les progrès de ses enfants et c’était très bien car si j’avais ouvert la bouche… En ce moment je sens que je suis infoutu de garder secrète cette infâmante liaison, ma compagne fidèle, de retour, la chienne, mon humiliation. J’en aurais pleuré. Mon désir semble se perdre dans l’espace, se disperser au point de s’assimiler au vide. Je me sens pourtant aimer l’autre. Un autre, les autres, peut-être. Mais le monde vit sans moi, je ne saurais dire s’il grouille, je soupçonne qu’il vit. Et moi je suis comme mort. J’ai quelque mal à communiquer, en ce moment. Je n’en éprouve aucun désir. Je m’absente au milieu des conversations, la parole se heurte à mon ennui. Répondre même par un simple signe de tête me demande un effort incommensurable. Je pense au corps d’un homme qui me serait un nid halitueux. A son regard qui me prêterait vie. Je plonge sur les pentes de la Croix Rousse, pantin membré, raidi par la honte, j’arpente et je débaroule en grimaçant. Je baisse les yeux, les lève parfois sur… toi ? C'est toi ? Eh ! Fais un effort, quoi. Regarde-moi, désire-moi. Et puis non, ce couillon aux clavicules nues, ce divin drôle à la peau luisante et brune (cannelle aurait peut-être écrit Edmund White, me laissant espérer un parfum de pomme cuite et de beurre fondu), passe son chemin, ne me regarde pas ou, mieux, détourne les yeux. Un seul être vous manque, dit-on...

15 commentaires:

Farfalino a dit…

Fais gaffe la dépression te guette.

Bon courage pour surmonter cet absence.

Anonyme a dit…

En effet, ça ira mieux quand Ouat auras flâné un peu sous le soleil, plongé dans la vie et peut-être même écouté des méloniaiseries d'été légères et indolores, genre les Glenn medeiros et Elsa ou David et Jonhathan de cette année...
Ça va bien se passer.

Anonyme a dit…

Héhé tu te contredis dans ton discours (je ne désire rien / je pense à un corps d'un homme qui serait un nid / et enfin l'injonction : Désire-moi).
Il faut donc quérir ce nid halitueux (chouette un mot que je connais pas) et faire tomber ses inhibitions qui te retiennent de satisfaire ce Désir voire plutôt ce besoin. Courage petit ^^

Anonyme a dit…

Eh ben, ... Un Mojito-Temesta, ça te tente ?

Pour le reste, je te le répète, y'a ka se baisser ...

Bon, sinon, ça y est, pour moi, c'est les vacances, bisous à jane, à dans 8 semaines.

Ouam-Chotte a dit…

@farfalino : je te rassure, je connais bien ma dépression, elle est chronique.

@love : non mais ça va pas la tête ;)

@quenelle : hum, je n'ai pas peur de la contradiction, c'est un fait... Mais je n'ai pas écris que le narrateur ne désirais rien. Il y a une nuance, dans le texte, que j'estime d'importance (il a fallu tout de même que je me relise).

Quant au désir d'un corps halitueux, je ne crois pas ce soit un besoin. Le besoin, c'est ce que je peux soulager avec mon pote Cody Lockheart.

Merci en tout cas pour les encouragements - et là, mon grand, tu as raison sur toute la ligne : j'en ai besoin :-)

@Gary : tu vas nous manquer espèce de prof.

Ouam-Chotte a dit…

...je n'ai pas écriT... avec un T comme Tudieu !

Anonyme a dit…

Tonton Ouam : c'est très doux comme formule, je trouve...

Anonyme a dit…

Merci, Ouam, de votre petit mot, là-haut (RDL). J'aime bien venir ici et vous lire. Vous me reposez. Je pense la vie à votre façon et souvent avec vos mots. Je n'ai jamais pensé, écrit ou dessiner en "fille". Souvent je suis mal-à-l'aise dans la création féminine. Si j'avais pu choisir, être un homme m'aurait revie, mais voilà, j'ai fait avec ce que j'avais , même des enfants.
Aussi votre itinéraire m'est vraiment familier. Je le trouve très sain, très pur et en plus vous écrivez merveilleusement bien.
C'est parce que je suis comme cela que j'ai envoyé au loin, un mari, des hommes...charmants. Je m'ennuyais dans ce rôle de femme. Vous, vous pouvez comprendre cela et les amis que je lis ici aussi. Alors les injures sur la RDL, style "Lucrèce" ou "pot de colle", ça me laisse indifférente. ça s'adresse à l'autre côté de moi.
Bon, voilà, c'est cadeau pour un mec bien ! Christiane

jane a dit…

hé ho, dis voir il faut dire, bon dieu de bon dieu, m'enfin pourquoi tu me laisse parler sans arret, pourquoi tu m'arrete pas, je peux aussi écouter tu sais, c'est d'ailleurs un peu mon métier rappelle toi.
Je suis toujours la dernière a paner faut croire...

Ps: Gary espece de pédago 8 semaines de vacances c'est honteux, et c'est nous qu'on paye...

Anonyme a dit…

Jane...coquille de lune...pour l'étoile Ouam-chotte...
Christiane ? les mots sont rares. Là, très gros cadeau...suivi d'un grand silence.

Anonyme a dit…

Jana,
j'aime bien quand tu écoutes. As-tu entendu ?

Anonyme a dit…

Bonjour
Christiane

jane a dit…

rien entendu et rien comprendu non plus d'ailleurs,
Ouaouh quel mystere je frissonne, un anonyme en plus;
Arrête tu m'excite.

Anonyme a dit…

Jane, je ne sais si la photo près de vos com a un rapport avec vous mais elle va bien avec votre écriture "craquante". On a envie d'être bien avec vous.
Les "anonymes" en pagaille, si c'est comme pour moi, je peux expliquer : c'est trop compliqué de mettre son prénom en bas du com , il est demandé une inscription et là ???
Parfois j'oublie de mettre mon prénom avant d'envoyer en "anonyme" (là c'est facile) mais le bonjour c'était pour toi et j'ai signé christiane et là , la signature s'ezt posée au- dessus du com et à lire le résultat on dirait qu'un "anonyme" me dit "bonjour" alors que c'est christiane (moi) qui te dis "bonjour" !!! Comprendu ???
christiane

Anonyme a dit…

Bon, retour au sérieux après ce jeu de je, avec Jane la douce. Vraiment cet homme (Ouam-chotte)écrit juste, au-delà, de lui sur cette quête de l'autre qui passe par l'étreinte à vide mais pas seulement. Nous sommes séparés, par la vie-même, de ce tout de nous dont l'autre est un mirage...
Je te souhaite, Ouam, un grand bonheur qui fasse vaciller les dieux jaloux.
Christiane