En faits, c’est dingue. Ce roman au jour le jour ressemble me dit-on à un journal (intime j’espère), mais n’en est pas un : puisque c’est un roman. Alors… oui je m’inspire beaucoup de la réalité pour raconter une histoire qui, je le répète, n’est pas… Hem… essayons d’éviter cette notion d’« histoire vraie » qu’un blog-roman comme Premier jet a justement l’ambition de bousculer. Je veux flouter la frontière, la faire bouger, la tordre telle une corde et même, si possible, après l’avoir tendue à mort entre deux poteaux, y faire sécher mon linge, comme d’autre, un temps, sur la ligne Siegfried. Je me permets de mentir ou de travestir, il m’arrive aussi d’écrire des propos sans conséquence, ou que je crois sans conséquence… Et tout à coup, c’est dingue, quelques jours après avoir écrit que cela pourrait me faire plaisir… Il ne faudrait pas... A l’instant je me dis qu’un lecteur, un habitué, pourrait s’imaginer… Ce n’est pas moi, je le jure. C’est vrai, je l’évoquais il n’y a pas plus longtemps que ça, ici, dans ces pages et paf. Mais c’était une boutade, j’étais énervé, je l’ai écrit sans le penser...
L’autre matin, je me réveille, je suis d’abord surpris de me sentir aussi bien. Mon voisin le gravos commence à gueuler, je décide de ne pas faire gaffe, je suis de bonne humeur. J’ai pourtant eu ma soirée de looser, corsée comme il faut, dans le n’importe quoi et surtout dans le triste. Mélangé les alcools, dansé tout seul dans un bar ou personne ne dansait, sans même adresser la parole à un gonze, comme d’habitude. Seul, ne supportant pas tout à fait de l’être, et encore moins la compagnie. Les potes du quartier, c’est vrai, j’aurais pu aller les voir. Je ne me sentais pas la force de composer mon personnage cool, je n’avais l’air de rien, pas la peine. Si ça se trouve, je me serais mis à pleurer dès la première allusion homophobe, ou au choix je me serais fâché tout rouge en expliquant qu’on ne peut pas se dire de gauche et tout ça et tout ça, ce qui est une réaction au moins aussi navrante. Je ne me souviens pas être rentré, cependant le lendemain j’ouvre un œil bien net, presque volontaire sur mon mercredi, mais dites-moi, plutôt ensoleillé, sympa ce petit mercredi, et je me retrouve sans aucun doute dans ma chambre aux papiers plusieurs fois peints qui baillent oh mon dieu ce qu’ils peuvent bailler bas malgré l’heure matinale. Je pense au boulot car hier, si je me souviens, le chef m’a promis pas mal d’articles dans les jours à venir, et vaudrait mieux parce que sinon, enfin voilà. J’ai un mél précis sur ma boîte, j’appelle ma danseuse en aspirant une première bouffée de café moka de ma cafetière italienne que j’adore parce que c’est mon pote Borichenko le photographe qui me l’a offerte et je ne vais pas passer le roman là-dessus mais la vérité est que ça me rend le café bien meilleur. Si c’est possible parce que déjà il est bien bon, en plus j’ai acheté un super arabica mexicain que je trouve assez voluptueux. Rendez-vous est pris dans deux heures avec ma danseuse, ce mercredi est sublime. Une petite odeur de brûlé me gâche le plaisir de la boisson qui, toutefois, me réchauffe, merde, le joint a dû morfler. A moins que ce ne soit l’ordinateur, je le renifle et non, ça n’en a pas l’air. L’autre gueule tout ce qu’il peut en dessous, je ne sais pas s’il a baisé sa putain de mère la nuit dernière, mais là je ne comprends même pas ce qu’il raconte. Je tape un coup sur le plancher TA MOUILLE GROS CON. Je proteste par principe et continue à cliquer ici ou là en cherchant des infos sur ma danseuse, des articles de presse, des blogs… Et je trouve que décidément cette fichue odeur de brûlé persiste. Je renifle, je renifle, et si c’était un chauffage ? Un de mes ridicules grille-pains qui aurait sauté ? Je me lève et dans le salon je vois toute cette fumée qui s’échappe au-dessus du radiateur, ah ben voilà, c’est le radiateur qui a sauté, bon, je l’arrête. Merde, la journée débutait par temps clair, elle se brouille un peu là. Avec le CONNARD qui s’égosille, va falloir que je me casse vite fait d’ici parce que l’atmosphère est en train de se détériorer.
Le fou hurleur qui me dégueulassait mes nuits et, par extension, mes journées, j’ai formé une phrase du genre « il va foutre le feu » et j'ai même ajouté que « ce serait trop de bol » … Quelques jours plus tard… C’est en retournant vers ma chambre que je comprends que en effet l’atmosphère risque d’être assez vite moins respirable. D’innombrables fumeroles se faufilent entre les lames du parquet de ma chambre. Première pensée : Je crois que l’ « autre » ne me fera plus chier. Deuxième : faut que je m’arrache. Je m’habille en hâte en tapant le 18 sur le téléphone, la fumée dehors me cache le jour, putain y a vraiment le feu, je mets les bouts, j’embarque l’ordinateur.
4 commentaires:
Eh ben voilà! Tu crois qu'il est en train de faire cuire sa mère?
Même un parquet flottant ça crame?
En faits, le parquet n'a pas cramé... Il a juste laissé passer des kilos de fumée. L'appartement est dévasté mais rien n'a brûlé, c'est la fumée qui s'est incrustée partout. Je ne reste pas plus d'une demi heure dedans sinon je me tape une céphalée de chez mal de but et je comprends que je respire cette espèce de pellicule grasse et noire qui recouvre tout comme le négatif infernal d'un fin manteau neigeux. Les dégâts, je t'avoue que je n'en connais pas encore l'étendue. Ce que je vois en revanche, c'est ma porte d'entrée, une énorme pièce de musée datant du dix-neuvième siècle, dont j'espère récupérer les ferronneries : pulvérisée par les pompiers. D'ailleurs, je commence à flipper un peu. Le dingos hurleur traine dans les parages, tous les jours il vient fouiller son inqualifiable tas de merde - Monsieur faisait des "collections" - tandis que mon appartement n'a plus de porte. Bon, je ne devrais même pas l'écrire, ça. J'ai demandé aux voisins de jeter un œil et moi j'y retourne régulièrement, histoire de vérifier que tout est en place.
ben voilà t'es débarrassé maintenant
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