jeudi 28 février 2008

Noire Sigisbée

Ah tu me suis, noiraude, mais qui es-tu ? Tapie dans l’ombre, silencieuse, plaçant consciencieusement ses semelles sur l’empreinte de mes Van’s bleues, silhouette importune et glissante, tu me suis ?
Je ne puis longtemps lire même une prose qui m’émeut, me laisse sans voix, avec presque des sanglots qui ne remontent pas, qui juste me pèsent et s’accumulent, lecture céleste j’en jurerais, du Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas de Imre Kertész, page 19 soudain je m’aperçois que je ne comprends plus ce que je lis, impossible de continuer, je pense qu’on m’observe, peut-être, et l'idée de ton regard sur ma nuque m’affole, m’affole. Quel compagnon es-tu, mutique chevalier, noire en mes ténèbres, impalpable remoud, insensible fumet, fantôme, si tu ne cherches pas mon amitié ? Quel compagnon es-tu si je ne puis me rassasier à tes lèvres, à tes mains, de baisers, de caresses ? Sigisbée, alors, tu veux être mon sigisbée ? Montre toi, dis-moi ton nom !
Je me suis senti observé depuis… Avant l’incendie qui me jeta à la rue – ou plutôt dans un hôtel beaucoup plus confortable que mon trou à rat – et j’ai été surpris, je peux bien l’avouer, lorsque celui qui se surnomma noire sigisbée, l’inconnu, m’avait reconnu dans la boîte de nuit homo avec mes chaussures bleues électriques et mon crâne rasé. Alors l’auteur pointa soudain plus clairement derrière le brouillard translucide de ses personnages. Le contexte trahi la fiction. Cela ne réussit pas à m’effrayer, disons que ce n’est pas comme si je n’en dormais plus. Mais outre les découvertes impromptues sur la toile, qui me travaillent l’intérieur, me démangent, m’allument des désirs anarchiques de rencontres et de fièvres, la présence imaginable de noire sigisbée, dans mon sillage, m’occupe l’esprit maintenant, campe en mes pensées inquiètes.
Tu me lis. Tu me suis. Qui es-tu ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est étrange cette impression de se sentir observé, je connais ça, parfois ça m'arrive. Le tout c'est de savoir d'où cela vient. Sinon ben je voulais te dire que ton texte m'a beaucoup plu, vraiment ; pourtant il est d'une tonalité complètement différente ce qui précède. Vivement la suite :)

Ouam-Chotte a dit…

@Querelle : Merci, Nicolas, tes compliments me rendent tout timide... D'autant qu'ils proviennent d'une jolie plume.

Anonyme a dit…

noir sigisbai ca veux pas dire tapette a mouche en vieux francais?
jane