Aïe le rouquin qui se pointe. L’oiseau blanc au milieu de la travée beigeasse et crue ouvre grand ses ailes :
« Ah te voilà toi depuis le temps que tu ne m’appelles plus j’aurais cru que t’étais mort ! »
Et il me sert dans ses bras.
On se croise dans un wagon remuant du métro lyonnais, il n’y a pas foule et pour cause : c’est le dernier. Pas trop de témoin, tant mieux parce que faudrait pas que la Croix Rousse entière me voie avec ce type. Moi je barbote dans une euphorie de sous-sol, de métro du samedi soir, sauf que c’est jeudi, ou mercredi je ne sais plus, la bière me fait tanguer, je vois devant moi son sourire creusé dans de la matière blême, toutes ces tâches de rousseur aussi, son petit nez qui plisse. Arrêt Cordelier je me saisi de sa hanche pour ne pas tomber.
« Tu faisais quoooi ? »
Il y a toujours quelqu’un pour me poser des questions avant que je ne trouve les réponses, cela m’oblige à des introspections agaçantes et, parfois, au mensonge. J’aime la sonorité traînante de son quoooi, ça fait pédale, donc un peu garçon, et tendre.
« J’étais chez un pote, on a bu des coups, et toi ? »
Lui revient de chez son amant. Devine, un docteur, c’est classe, non ? Une semaine qu’ils sont ensemble, le grand amour, c’est bien parti en tous cas.
« Tu te rends cooompte ?
– Nooon.
– La première nuit il a voulu que je lui dorme dessus !
– Ah bon.
– J’ai très mal dormi.
– Oh.
– Alors je lui ai dit que je me levais très tôt demain pour pas avoir à dormir sur lui encooore !
– T’as bien fait
– Et tu sais quoooi ?
– Nooon ?
– Tout à l’heure je lui dis au revoir il me dit tient c’est la première fois que je remarque que tu as un peu l’accent.
– Eh ben ma fille, c’est une lumière ton docteur hin hin.
– Je lui ai demandé ah, tu crooois ? »
2 commentaires:
Les derniers métros sont souvent l'occasion de rencontres étonnantes, notamment la ligne A. J'adore l'ouverture du billet.
allez presente moi rouquemoute maintenant que je suis drôle (voir paper de aujourd'hui) je suis sur qu'on se marrerai ton poussin et moi.
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