mardi 22 avril 2008

Paracétamol

Je suis surpris quand même, je ne me rappelle aucun coup. Pourquoi, dès que j’ai bu, je ne ressens plus rien. Les écorchures, les plaies, les coups. Je me mate, m’examine, je suis couvert de bleus. Un, deux, trois, quatre bleus. Les jambes, les côtes et un sur le bras. Mon visage, eh bien mon visage est indemne, si j’en crois le reflet que je reçois, au-dessus de l’évier. Façon de parler bien sûr, puisque mon cuir ex-chevelu garde le stigmate de ma dernière incursion chez les pédés. Un beau pansement tout blanc. Je me sers un verre d’eau, j’avale deux Dolipranes en pensant à Guillaume Dustan. Il s'en nourrissait et je comprends pourquoi. Fait soleil aujourd’hui. Je ne crois pas que je pourrais en profiter. Je ne pense plus à mes cachets effervescents de citrate de bétaïne, et puis si, mais alors il faut que je me relève et je me relève. Mes pieds sur le carrelage. Obnubilé par le mouvement du pendule, en moi, le silence et la fraîcheur, sous la couette, m’engourdissent, ah si je pouvais dormir maintenant. Je vire alcoolo, je picole presque tous les soirs. Hier c’était la cuite de trop, la preuve. Deux fois en l’espace de deux semaines, je me mets le compte à tel point que je reviens chez moi avec des bleus ou une plaie sur le crâne. Un gros trou de mémoire en prime, mais cela, je commence à en avoir un peu l’habitude. Je vais pisser, je traverse le jour éclatant de la pièce principale, en trombe, content, car lâcher du leste devrait me décongestionner les tripes. Mes entrailles, je les imagine ainsi, prêtes à éclater à cause de mes excès, des tissus rosés, bombés, des fils tendus et des organes compressés, suffoquant, surchargés de travail. Et tout ça baignant dans un liquide dégueulasse que je situerais entre le pue, le sang et, peut-être, la bière à moitié digérée. Je souffle, dans le lit. Je cherche une position. Je dois imaginer un truc agréable. Autohypnose. Il me vient des phrases, un récit se forme. Je pense que le paracétamol fait son œuvre parce que je me sens calme. Ça me plait bien ces histoires de tripailles ensanglantées, je trouve que c’est un bon résumé. Je me planterai peut-être un jour une lame dans le bide, pas pour le suicide, non : pour me décongestionner. Je souris à cette idée. Je trouve une position. Je perds connaissance.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon article, blog sympa! :-)

Ouam-Chotte a dit…

Merci Chris ;)