lundi 19 novembre 2007

Avant l'oiseau : le désir sans objet

Ce que je vois bien, là, c’est que je ne sais m’accrocher chaque jour à des motivations, à des raisons de vivre, c’est l’évidence, j’ai des hurlements, des trucs pas clairs, des sanglots, des désirs qui ne trouvent pas d’objet. Pour ça, je ne connais que l’écriture, et aussi courir, marcher, bouffer, gicler, ah oui gicler. Ce n’est jamais assez de toutes façons, enfin si, je pourrais bouffer, à la Marco Ferreri, jusqu’à en mourir, oui, mourir, c’est ça, c’est une solution. Qui sait, cela arrivera peut-être. En attendant j’ai besoin d’aller à la montagne, d’observer le ciel et de guetter le rayon vert comme un connard épuisé par des heures de marche au soleil. J’ai besoin d’avoir vécu un temps, chaque jour, avec mon livre. Et… J’ai besoin de toi. J’ai besoin de laisser mon désir rayonner non comme un astre qui tombe sous la crête d’une montagne, non comme une agonie, même sublimée par sa couleur ou par mon regard attentif et hagard, plutôt comme une projection explosive de tous mes sens, depuis mes muscles tièdes et élastiques, depuis ma bouche mouillée, depuis mon sexe pas dur, pas encore, juste avant, quand il émet son appel, depuis mes idées qui construisent, depuis mes mains qui forment des mots, qui caressent ou qui voudraient caresser. Mes pieds, alors, par la plante, tâtent d’un monde transformé, mes oreilles l’entendent, mes yeux le voient et je le respire : oui le monde est différent, il est vivant. C’est ce que mon désir fait au monde : il l’anime. Je te désire toi d’abord, l’homme ailé qui n’est pas encore l’oiseau blanc. Je désire mon livre alors qu’il n’est rien. Et si je n’ai, à ma porté, ni ta chair palpitante, frissonnante, ni les mots que j’essaie de griffonner, voilà, par exemple maintenant, les yeux cherchant le regard de Calaferte ou baisant la paupière fermée d’un amour ancien, mon désir creuse un gouffre sous moi, dessèche le monde, ou plutôt non : le liquéfie, me le colle à mes bottes, me fait des bottes de vide, lâche son sperme noir sur ma gueule, m’efface sous son flot de vide, m’aspire dans sa grande bouche Ô mon dragon, mon délicieux dragon, pourvu que tes lippes en feu, terrifiantes et saumâtres, pourvu, pourvu… Ah… Que ce ne soit pas un con ! Un vagin voudrait-il m’absorber ? Non ! Non ! Laissez-moi ! Laissez-moi sortir ! Je veux sortir de là ! Eho ! Y a quelqu’un ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

il y a toujours quelqu'un, surtout si tu t'enfonces dans un cauchemar tu deviens interessant a regarder,toi l'homme qui se cogne aux murs de sa cage...
pomme