dimanche 18 novembre 2007

Pureté (2)

Un goût de queue persistant que je remâche sans y croire, pas très agréable, pas satisfaisant. Je vois les gens qui sortent de chez eux, qui vont au boulot peut-être, et moi je sais que derrière mon visage impassible, derrière mes lèvres scellées, mes papilles gardent le souvenir de sa bite. Je n’aime pas trop ce goût en faits. Sa queue, à mon oiseau, j’ai du mal à l’enfourner, ce n’est pas que j’hésite, je me dis mais tu te rends compte de ce que tu fais, là. Son ventre blême est une flaque mouvante de lumière dans l’obscurité de la chambre. Pendant la nuit, il y a le don, le baiser, l’extase, qui n’est certes pas dans le soulagement du désir mais bien au contraire dans le désir lui-même. Le désir n’est pas une douleur qu’il faudrait soulager : c’est ce que je projette vers l’univers et me permet de me fondre en lui. L’oiseau et moi serrés l’un contre l’autre, l’un pesant sur l’autre, échangeant des coups de langues et des fièvres. Quand après trois heures à son côté je suis sorti de chez lui j’avais à peine dormi et cette réminiscence sur ma langue, tandis que me brûlait la vue la lumière coruscante d’un matin d’été, était la preuve de mon passage dans l’autre monde. Un jus de gland peu ragoûtant mélange d’urine, de foutre, de sueur et peut-être aussi de savon. Dans le métro avec ce goût.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pour une fois je te laisse un commentaire serieux:
commentaire serieux.

bravo.c'est maintenant que ca commence.