mercredi 21 novembre 2007

Sport

Dans la liste des moments où je vais mieux, il y a ceux que je dois au sport, à la dépense physique. Lorsque j’ai couru quelques kilomètres à fond, j’éprouve une petite euphorie, je suis content de moi. Si j’ai réussi un bon temps surtout. Après une grosse ballade en montagne j’ai un plaisir déraisonnable à étendre mes jambes, à me déshabiller. Les planches de bois du balcon, élastiques, amortissent mon poids. Le soleil qui a cuivré ma peau, à son tour rougit, peut-être de me voir nu, je me sèche en caleçon sous le petit vent. Mon corps n’est plus, pendant quelques minutes, ma honte.

Ma honte. Je chuchote. Ma honte. C’est ça, c’est ma pornographie, la honte. Le désir qui ne prête pas vie, le désir sans objet, la honte de soi.

Après une ballade je dors plutôt bien et quand je me réveille, j’aime écrire, travailler un peu. Bon puis j’ai faim. A midi, je mange, pas trop sinon… entre la culpabilité, le retour de la honte, quand le corps n’est plus vecteur de mon désir, qu’il n’est pas non plus l’objet du désir d’un autre, qu’il est mou, laid, bref, encombrant, entre ça et la maousse flemme qui pourrait bien me coûter une sieste, je plombe ma journée. Même endroit 16 h. Le choix crucial se fait là. Je bouffe, mon corps s’empèse, je prends mes clics et mes claques, je me promène – ou je cours – et mon corps se libère. Mon pas opère une scansion lorsque je marche, j’écris et autour c’est vivant, c’est musical et ça sent fort, c’est vivant. J’intègre le grand ensemble, moi aussi je vis, j’en éprouve la sensation, la sensualité. La végétation tour à tour me caresse et me blesse les mollets, je découvre un chemin recouvert d’herbes folles et, parmi elles, je suis bien.

C’est la vie, donc ce n’est pas la mort et ce n’est pas tout à fait l’oubli du corps, puisqu’il sent, puisqu’il jouit et qu’il souffre. Cependant, il ne pèse plus le même poids, il n’est plus le centre de mon attention. Il devient le centre de l’univers. Je crois que je ne le vois plus, il est toujours présent mais comme fantasmé, rayonnant tel un petit soleil.

Aucun commentaire: