samedi 24 novembre 2007

La honte (3)

Dans une boite ou un bar de pédés. Mater les garçons. Observer les stratégies. Qu’est-ce que c’est moche, ça ressemble aux hétéros, les hétéros me dégoûtent. Une pauvre couillonne peut avoir deux ou trois mâles dégoulinant de bêtise, brûlant de lubricité, sur le râble qu’elle a plutôt large, enveloppé dans des jeans blanchis à la javel, mal coupés, incapables de contenir l’avachissement de la chair (à l’image, d’ailleurs, de son reprochable sous-tifs à la bretelle grisâtre tombant sur son bras gras). Et je ne parle pas (puis si tiens) de sa barrette-papillon en plastique rutilant au milieu de ses cheveux raidis au fer. Courtisée, la donzelle, non pour ses charmes, fort peu évidents, mais juste parce qu’elle a l’air « open ». Entre garçons, c'est-à-dire pendant que les filles s’emballent entre elles, on baisse l’éclairage et les plus jolis se branchent mutuellement, ils forment des groupes, consolident leurs frontières.

Bon ben une bière.

Je les regarde avec leurs fringues italiennes, sans classe, m’as-tu-vu, lunettes noires sur les joues, petits culs, appétissants, torses moulés, je les suivrais chacun au bout du monde, mais je n’ai pas le courage d’en choper un, le courage d’apparaître à mes yeux pour ce que je suis, un mec rongé de désirs lubriques, oui parce que je ne veux qu’une chose, je suis comme tout le monde, c’est leur mettre, avec douceur, au plus profond. Est-ce que j’ai honte de ça aussi ? Ni ma gueule ni mon corps n’attirent les hommes comme ma merde attirent les mouches (encore que ça reste à prouver, par contre, ma sueur... au bout de deux heures de marche il faut voir les nuées de mouches qui me poursuivent, je produis une sueur à faire saliver les mouches les moins bégueules), alors mon unique chance serait de dire bonsoir le premier. Bonsoir jeune patricien. Bon, puis après je dis quoi ? Faut m’aider, là. J’aimerais partager un cynisme bon enfant sur le coin d’un zinc obscur. Avec toi, oui, tiens, pourquoi pas. Comme l'oiseau blanc que je vais bientôt croiser, tu voudras chercher en moi l'étincelle sauf que toi, tu la trouveras. Aller, vaudrait mieux qu’on se croise maintenant parce que, à toi, je pourrais confier des trucs que même j’ai du mal à écrire. Tu m’offres un verre, je t’offre un verre, on parle en se dévisageant et on va partir ensemble. Tu me rassureras, ok ? Et voilà.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est du vécu, cette expérience? Un ami m'avait dit qu'il fallait distinguer ce qui est écrit dans un blog de ce qui est réel. Pour ma part, j'essaie pourtant de ne décrire que la réalité sur mon blog. En tout cas, j'aime la façon élégante dont tu décris des situations du quotidien.

Ouam-Chotte a dit…

Je te répondrais bien par une pirouette, genre "tout est vrai puisque je l'ai inventé" à la Boris Vian, mais la vérité est que j'ai ici un peu le cul entre deux chaises. J'écris un roman et donc je ne m'interdis rien (et surtout pas le mensonge...).
N'empêche, il y a surtout du vécu. Mon ambition serait que la fiction peu à peu s'invite dans le roman, par une sorte de processus de contamination...
Enfin, on verra ce que je serais en mesure de faire.

En tous cas graaand merci pour le compliment qui m'encourage fort !

Anonyme a dit…

dans le monde parrallele d'ou je viens et ou parfois tu me rejoints, je sens, je sais pourquoi maintenant je pouvais lire de temps en temps le mépris, le synisme ou l'ennuie sur ton visage. Sensation de ne pas être a ta place, pas completement la.
je sais aussi pourquoi tu ne pouvais être que mon frere.
jane.b