Comme celui qui s’habille en hâte, vérifie qu’il a toujours ses clefs, poche droite du pantalon, de son unique pantalon, durci par la crasse, et dans son portefeuilles compte ses sous. Comme celui qui se soulève, porté par la nécessité d’enfiler un manteau, de lacer ses chaussures, vite. Comme celui qui n’a plus assez de clopes pour terminer sa soirée et qu’il est – déjà – 19 h 32. Comme celui-là et pas davantage, je me tire de mon trou à rat. Je fignole un travail, je me réchauffe les doigts à mon petit grille-pain, le radiateur portatif, en gros le plus efficace. L’instant suivant je claque la porte, l’espèce de patchwork bricolé qui me sert de porte d’entrée et je débaroule l’escalier. L'évènement c'est que j’y croise un ange qui m’oblige à ralentir. Il me sourit. Ce jeune homme, je l’ai connu enfant, je me disais à l’époque dis donc il va être beau et… je ne me suis pas trompé. Ce sourire m’enchante et cependant, alors qu’il semble s’incruster en moi, me marquer comme un bleu, le choc, ce petit rappel de désir, ébranle ce que j’avais de mystérieuse détermination. Je continue mon chemin, je me trouve au milieu de la rue, l’air froid m’environne et je ne sais pas pourquoi.
Je sais en revanche que je ne vais pas remonter chez moi maintenant. Qu’irais-je donc faire dans cet appartement qui pue la fumée froide, ou plutôt la poutre calcinée. Surtout par grand vent, ça remue toute la suie de l’appartement du dessous, il y a du vent en ce moment à Lyon. Je ne baisse pas de rythme, je mets les bouts, je n’ai rien à faire dans le coin. En apparence j’ai le choix : soit je monte sur le plateau, soit je descends, mais en faits je refuse de me poser la question parce que je ne veux pas me créer de problème insoluble. Rue Pouteau, je l’aime bien cette rue en escaliers qui ouvre une plaie sur la ville, je dévale, j’avale, la nuit semble comme hésiter avec un jour de pluie, tandis qu’au coin de la rue René Leynaud et de la rue Coysevox, elle accentue soudain sa pression. J’ai toujours aimé la nuit et voilà que j’éprouve le besoin de m’en protéger. Comme par un réflexe de survie je voudrais entrer au LAX, dont le serveur est plus qu’à mon goût et je sais que le désir m’est un refuge agréable. Une pudeur idiote m’en empêche et du coup je me précipite montée Saint Sébastien, très éclairée. Je commence à raser les murs, c’est mauvais signe. Putain c’est mauvais signe.
8 commentaires:
Humm génial j'ai déjà vécu cette sensation, comme toi, de rebrousser chemin ainsi. Tu ne dis pas ce que tu as fait ensuite, moi, j'étais allé sur un lieu de drague et j'avais rencontré ce soir-là un être à part (dont je parle dans un post de mon blog, sous le nom de Mathieu).
De toute façon, au LAX, tu n'as rien manqué. C'est vraiment étrange là-bas, aux limites du glauque je trouve. C'est sûrement le bar homo où je me sens le moins à l'aise, comme en milieu hostile.
J'AI HATE DE LIRE LA SUITE, à part ça.
mouaip pas mal... on a envie de lire la suite... que ce passe-t-il???
Pourquoi faudrait-il forcément une suite ? Laissons l'auteur raser les murs...
ouais c'est ça rases les murs laisse nous le temps d'écrire plein de messages pourris sur ton blog, d'ailleurs qu'est ce qu'on se marre, bon par contre -je le dis pour les anonymes qui arrivent juste hein- ici soit on deconne(vous allez voir ce que vous allez ouar) soit on encense l'Autêûr, ya pas de juste milieu sinon ça vaux pas c'est mièvre, pas engagé quoi et ici c'est pas un petit, merde attend, un petit , heu un mollasson de la feuille qui écrit il faut que ça envoie, rapport à son personnage.(me spamer pas les gars)
Enfin moi je dis ça je dis rien et pis c'est pas mon blog , on tourne merde on tourne en rond!
you hou, t'es où Gorgeduloup?
Jane
J'suis en week end !! Faut pas déconner, quand j'ai vu l'temps qui f'rait à Lyon, j'me suis tiré.
Mais j'reviendrais, avec des chocolats et des antidépresseurs. Parce qu'alors là, c'est pas la joie ... Se chauffer avec un grille pain !!?? Mais quelle idée !? Pas trop près d'lévier, j'espère. Je sais que c'est de saison, mais fraudrait pas que le Ouam nous fasse un revival à la Claude François. Jane, t'es sa mère, empêches le de jouer avec des trucs électriques, c'est pas sain.
il était pd claude françois?
Naaaann !! C'était rapport au destin funeste et électrifié !!
Mais t'as raison , le parallèle n'était pas très pertinent. On imagine mal le Ouam gesticulant, entouré de filles dénudées z'et en talons hauts. Par contre, si c'est le Ouam qui est en p'tite tenue, hauts talons et perruque blonde .... Ca devient tout de suite plus crédible ;-)
putain viens on fait un film...
jane
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