mardi 11 mars 2008

The pillow book (3)

« Tu as des poils, n’est-ce pas ? »

Il passe sa main sous ma chemise en ronronnant. Mais alors il baisse la tête. Il prend ses distances, je ne sais ce qu’il fuit avec ce petit air buté. Les deux pieds dans le caniveau il me fait face. Il me fait l’effet d’une bête traquée qui se cherche non une retraite : une riposte. L’alcool a obscurci son regard qui maintenant ne se lève vers moi que pour lancer son défi. De la haine, tu as de la haine ? Il tire sur son clope roulé sans trouver le calme qu’il voudrait. La lune – ou bien est-ce l’éclairage public ? – comme un peu d’eau perle aux yeux du jeune pêcheur. Perdu dans ses ténèbres, pris dans ses propres rets, il semble se noyer. Je suis là, je le vois, je cherche une musique pour sa danse nerveuse, maladive. Une guitare sans merci, un air lyrique ?

« Tu sais ce que je raconte sur mon blog, c’est vrai, j’ai tué des chats, je les tue vraiment »

Il me dit ça, moi qui pleurais sous mes lunettes de soleil, une nuit de juin dernier. Cette fois, plutôt que de cajoler ma Mazurka, c’est lui que je suis prêt à prendre dans mes bras. Je lui caresse la joue. Il m’en veut, je ne sais pas très bien pourquoi, il m’en veut.

« Mais peu importe que ce soit la réalité. Ce qui m’intéresse, c’est que tu l’aies écrit. »

Tu ne réponds pas tout de suite, je te vois interloqué. Tu m’en veux. Et tu griffes.

« Tu me mens, tout ce que tu écris est mensonge »

Oui, le môme, je mens. C’est moi qui raconte, alors j’écris ce que je veux. Tu es dans un roman, tu es un personnage de mon roman. Peut-être écrirais-je mon livre sur ta peau. C’est cela que je pense en te couvant. Tu réclames :

« La vie est une scène, danse, vas-y montre-moi comment tu danses ! »

Mais je ne suis ici que pour te regarder. Tu esquisses un pas. Tu voudrais que je danse ?

« Tu n’es pas vrai, tu n’es rien »

Spectateur, je ne suis rien, en effet, dans cette rue étroite et glaciale où nous sommes seuls. Que l’unique témoin de ton existence.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Diantre, c'est terrible. Ca fait un peu schizophrène ce passage je trouve, ce passage. J'adore le passage du chat ; c'est très intéressant que tu ais écrit ça, la différence entre tuer un chat, et confesser qu'on a tué un chat. Voilà qui me plait. Et puis les différences de réalité : réel / roman, voilà qui me plait.

Hâte de découvrir la suite. Ca devient tordu !

Anonyme a dit…

Une fois, j'ai rencontré un mec qui a mis un coton tige dans le trou du cul d'un chat, en Angleterre. Le chat s'est jeté par la fenêtre.

Anonyme a dit…

C'est fou ce qu'on peut faire comme conneries quand on s'emmerde

Anonyme a dit…

Bon moi j'ai tué personne, rien mis dans le trou de balle de mon chat (ni celui de mon mec-désolé les gars, et oui j'entends quel dommage)Anonyme ça se trouve le stilnox, c'était juste pour les chats, t'as tué pour rien du tout, ça vaut pas, c'est nul.

Anonyme a dit…

perf...
j'ai mis mon perfecto, j'ai pris pris un décapsuleur, mon cutter de dessin et mon perfectionnisme aiguisé à ta défaillance
je prélèverai ses ongles larges et courts

Ouam-Chotte a dit…

Eh eh ! Anonyme, anonyme...

Anonyme a dit…

anonyme 2, hé hé!

Anonyme a dit…

Quel beau style tu as Ouam !
Tout est vrai, alors la vérité n'en est que plus dérisoire.

Anonyme a dit…

Amiable brief and this post helped me alot in my college assignement. Say thank you you seeking your information.