jeudi 29 mai 2008

Je suis un écrivain

Je dessine sur les restes lacérés de La Littérature à l’estomac. De longues balafres, au stylo rouge, pour qu’elles aient l’air sanguinolent. Des croix, des courbes qui ont l’aspect juste dentelé des déchirures. Des motifs géométriques. Des plaies. Je pense, je trace une géographie. Je caresse du doigt la coupure inégale, tâtant de la chair en souffrance d’une page gorgée de rouge. Des lignes, des frontières où je patauge, je m’y tiens comme en équilibre. Ne pas tomber dans le trou, ne pas ripper sur le pus, ne pas tomber dedans le corps. Je sais bien que l’objet démantibulé, éparpillé, parcouru de signes noirs, était un livre. Cela me maintient dans un malaise, une frénésie interne, je m’affole et j’en jouis. En détruisant ce livre jaune, en le gribouillant, puis, tiens, si j’en balançais des morceaux à travers la chambre, on dirait une pluie de billets de banque, et si j’en mâchais une feuille, si je l’avalais ? Je me venge de toute cette clique fermée clic-clac à double tour et qui publie toute l’année toute cette merde (mais pas seulement) et qui ne s’aperçoit même pas de mon existence, je la conchie cette clique qu’un Julien Gracq honnissait tant, lui qui semble être devenu, par la grâce de ses adverbes, de son culot et peut-être de sa mort, une référence à l’égale des Proust, Flaubert... Et ce faisant, j’exprime la fleur de mon désir. J’écris.

22 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce me fait penser à mes anciens cours de littérature : quand commence la littérature ? Un romancier est-il un écrivain ? Ou plus généralement, quelqu'un qui écrit, est-ce un écrivain ? etc etc Tous ces questionnements me manquent parfois, l'écho des autres dans cette réflexion.
Concernant Flaubert c'est le seul auteur que je n'ai jamais réussi à lire, impossible de terminer ses œuvres... je ne m'explique pas pourquoi.

Anonyme a dit…

Surtout, ne pas se préoccuper de cette clique. Qui n'est pas à la hauteur. Comme toutes les cliques de l'univers artistique, d'ailleurs.

Anonyme a dit…

Tu perds tes feuilles? Tu les laisse tomber, plutôt? C'est bon signe.C'est l'hiver que les arbres travaillent. Et de ce travail là nous, nous ne savons rien. Il se fait sans nous. Puis vient la saison des bourgeons, des feuilles et des fruits au bout des branches. Rien de plus naturel que tout ça Ouam. Personne ne t'a jamais dit quelle sorte d'arbre tu es?
La littérature est là, autour de tes racines. Nulle part ailleurs. Garde toi des transplantations et tout ira bien. On est un certain nombre ici à te faire confiance.

amications léfeuillemorteseramasstalapelles
dB

Anonyme a dit…

je reviens pour te faire part de ça, que je viens de lire sur poezibao (lien sur ma page si tu l'as pas ):

« La poésie la plus pure est un complet être-hors-de-soi, la prose la plus parfaite un complet venir-à-soi. La seconde est peut-être plus rare encore que la première »

Hofmannsthal, Renoncement et Métamorphose, traduction Jean-Yves Masson

amications àpluches
db

Farfalino a dit…

J'ai failli faire la même chose avec un bouquin d'un écrivaillon du dimanche mais je ne l'ai pas fait : il y avait une de mes photos en couverture !

Et puis, j'ai trop de respect pour les livres même si certains sont à gerber, agaçants, ennuyants etc. S'entasse donc dans ma bibliothèque bon nombre de bouquins que je n'ai pas aimé.

Anonyme a dit…

Pour être écrivain, il faut avoir du souffle. Pas uniquement, le souffle...

Nous ne sommes que des premiers jets !

Ouam-Chotte a dit…

@tous : c'est toujours un plaisir de lire vos commentaires.

Je mets les bouts, vacances, montagne, à la recherche d'un (second) souffle.

Le dénouement approche.

Bises

Anonyme a dit…

bande de lèches bottes...

Anonyme a dit…

Heureusement qu'on est là pour le ramener sur Terre !

Anonyme a dit…

oui, le dévorer et le re-chier devant l'entrée d'une maison d'Edition.

Anonyme a dit…

Salut, je passe tout en sachant qu'il n'y aura rien de neuf vu que tu es en vacances. Je trouve le petit message suivant (à moi adressé mais pour toi) sur le blog de Passouline. Je te le copi-colle donc illico:
"Dites à Ouamchott que je le lis. C’est bien la moindre des choses quand on vous demande de juger des textes.
Cordialement.MC Rédigé par: court | le 02 juin 2008 à 01:53|"

Voilà. C'est fait. Après ça je veux bien qu'on dise que j'avale des couleuvres^mais pas les commissions!!

amications montagnarnouvoilates
dB

Víctor M. Fdez. a dit…

Bonjour ! Je te souhaite une bonne semainne et je t'embrasse.

Anonyme a dit…

En vacances ? J'espère bien que non, et qu'on aura des nouvelles de temps en temps.

Anonyme a dit…

Remarque, c'est pas sûr ... Y'paraît que le ouam est parti dans un trou ravitaillé par les chamoix. Alors, pour le haut débit, ...

Anonyme a dit…

Monsieur,

Nous nous permettons de vous contacter après plusieurs plaintes portées à votre encontre par votre voisinage. Nous espérons que cette intervention permettra aux alpages de retrouver une quiètude au combien récemment troublée.

Que vous vous baladiez nu dans l'environnement immédiat de votre cahute, passe encore. Quelques marmottes de passage en ont bien été quelque peu bouleversées, mais une fois un panneau d'avertissement posé, les plus téméraires n'auront qu'à s'en prendre à elles - mêmes (je vous signale tout de même que huit marmottes ont consécutivement à ce spectacle déposées un arrêt de travail de 15 jours, ce qui risque de nuire gravement à l'industrie locale d'emballage de chocolat).

Que vous vous promeniez en hurlant de vieux tubes de l'Eurovision est déjà plus contestable. 3 vaches ont vélé précosément et 2 ont avorté. Monsieur, votre comportement apporte le malheur dans les familles.

Enfin, 4 chévres se sont plaintes de harcélement sexuel. Nous aurions pu fermer les yeux (chacun sait que les chévres sont des allumeuses) si ces plaintes n'avaient été suivies de celles de 3 chamoix (une espéce protégée, je vous le rappelle). Nous savons bien que l'air des montagnes est vivifiant, surtout dans cette atmosphère pritanière, mais un peu de contrôle ne ferait pas de mal. Où alors rabattez vous sur les ours, ils ne demandent que ça et se sentent un peu discriminés, voir rejetés.

En espérant que cette mise en garde aura été suffisante et que nous n'aurons pas à employer des moyens plus drastiques,

L'ONEF

Anonyme a dit…

gary je t'interdis de me traiter de chamoix.

Anonyme a dit…

Moi, ça me fait penser à la résurgence régressive d'une forme de traumatisme infantile, lorsque tu étais enfants, tes maitresses souvent mettait beaucoup de "rouge" sur tes devoirs?
Tu étais plutôt du genre élèves brillant et studieux ou plutôt du genre "futur archéologue qui même quand il a toucher le fond, il continu a creuser"?

Autre chose comment fais tu pour avoir autant de commentaire sur ton blog??? Moi il n'y personne qui me laisse des commentaires c'est nul!

jane a dit…

Ça y est moi aussi...

christiane a dit…

Moi, j'aimerais bien vous regarder quand vous êtes habité de cette colère-là. J'inventerais alors le juste équilibre : un crayon, une feuille , enfin pour ne pas écrire, juste pour tracer une ligne qui glisserait comme une trace sur la neige et qui dirait de vous, l'immobile, le préservé, l'apaisé...

Anonyme a dit…

NOOOOOON !!! Pas toi, Jane ! Tu avais réussi à résister jusque là ! Poooouuurquooooiii ?! C'est comme une épidémie, bientôt ne resteront que quelques uns, non infectés par la compulsion de l'écriture en ligne.

Christiane : mauvais reméde. C'est bien parce qu'il trace des mots et non pas uniquement des lignes que le Ouam est encore fréquentable.

Anonyme a dit…

Je serais toujours derrière toi

Anonyme a dit…

devant,derrière, quelle importance ns?
N'empêche que t'es même pas derrière lui a la montagne.
OUH le petit menteur, des promesses...