Je pourrais raconter que je t’ai déjà vu. Cette rencontre, je la ressasse depuis 15 ans, c’était au Lycée, je savais que j’étais pédé alors j’avais tendance à baisser les yeux. Je les ai levé vers toi. Point de suspension. Ce moment, quand je l’évoque, c’est un peu pour qu’il dure. Point de suspension. Tu étais entre deux larges piliers de pierre dans le déambulatoire de l’établissement. Nous n’avons pas fait l’amour. Mais j’ai pu être ton ombre et j’ai été heureux. Le bonheur est une malédiction, il fut un sort jeté sur ma vie pour que je n’en fasse rien. Te téléphoner. Te voir. Me détacher de toi. Ecrire ma lettre d’amour. Te téléphoner. Parler de toi. Dire du mal de toi, parce que je t’en veux de ne pas bander pour moi et qu’il faudra bien que je commence à regarder ailleurs. Te voir. Te sourire, je me souviens de ce plaisir subtil, te sourire. Ecrire, encore. Attendre ton coup de fil. Rêver de toi. Te défendre contre les médisances qu’à vrai dire j’ai peut-être moi-même provoquées. Te parler en secret. Seul dans le secret de ma chambre. Ecrire ma lettre d’amour. Attendre.
Ce Dieu ne décide pas de ma vie. Mon amour pour Lui, néanmoins, la détermine. Et si je ne peux promener ma langue sur Son gland, entre Ses lèvres, si je ne peux pénétrer en Lui et s’Il ne veut le faire en moi… Il vaut mieux que je perde la foi. Je ne dois pas attendre la révélation, voilà, parce que eh bien la vierge, pour dire vrai je ne l’ai jamais vue (aveu tardif, chers camarades lycéens, les matins où j’étais à l’heure, c’était le hasard) et son fils encore moins… quoique, j’hésite. J’ai cru le voir en toi, Dieu magnifique, illusion, fantasme, et tu n’es plus aujourd’hui qu’une lettre d’amour.
3 commentaires:
et lui c'est l'oiseau noir.
Un corbeau
c'est toi gregory?
Enregistrer un commentaire