La musique, maldita, bat une sourde mesure, boum boum, les cœurs à l’unisson ça me réveille, c’est du désir, ça m’irrigue, je crois bien que je souris. J’entre ici sans bien savoir si j’en ai eu envie, je ne me souviens même pas d'avoir réfléchi, c’est toujours pareil, c’est l’alcool qui prend ce genre de décision. Dans le sas la fille du vestiaire est pénible, suspicieuse, elle ne répond pas à mes questions, je lui dis que je ne suis pas certain de vouloir me séparer de mon pull est-ce que je pourrais le ramener si j’ai trop chaud ? Je veux dire, sur le même vestiaire ? C’est là que je vois un mec qui lui confie son pull et elle le range sur le portemanteau ou il a déjà son sac pumas et sa parka avec la capuche en fourrure. Chouette, alors j’y vais avec mon pull, faut pas voir de problème où il n’y en a pas.
C’est un truc que tout le monde ne comprend pas, cette espèce de soulagement quand j’entre dans un lieu protégé par le rainbow flag. Les altermondialistes lui ont ajouté un mot : PACE, qui lui va tellement bien. J’ai laissé les copains tout à l’heure au sortir du bar qui est pour nous les potes du quartier un point d’attache, un rendez-vous, un antre et pourtant je n’y suis jamais tout à fait à l'aise. Sur moi, sur mes intentions, sur ma spontanéité, m'étouffant, subsiste une peau artificielle, lourde, aguerrie, endurcie peut-être par toutes ces habitudes, mes secrets, et qui ne se déchire pas comme ça. Les plaisanteries homophobes ne sont pas toujours malveillantes, mais voilà parfois elles le sont et surtout : elles sont quotidiennes, redondantes, usantes. Je sens le mépris sourdre, quand il n’éclate pas de rire ou de colère. Mes sentiments, mes désirs sont sous la menace d’un opprobre que pour l’instant je ne fais que regarder, je reste en marge. J’ai déjà expliqué que le désir me prête vie. Au bar des copains je meurs à petit feu. Une boîte ou un bar gay, en revanche, dès que j’en pousse la porte, je suis enfin en sécurité. Toute cette chape de peau calleuse et crasseuse qui m'enveloppait les tripes s’écarte comme un voile, je me sens m’ouvrir. Des gars en tee-shirt se concertent non loin du bar ils ont chacun des coiffures de star’ac, des beaux visages d’adolescents, de larges épaules et les cuisses vigoureuses… autant je peux les trouver fadasses en plein jour, dans la rue, autant là ils me font monter en température... « Souples adolescents » cette expression bandante de Jean Genet me revient tandis que je commande une vodka tonic au gros type chauve derrière le zinc. 9€, ben dites, ils ne se mouchent pas du pied. Je remarque que le barman a le crâne qui sue. J’ai trop chaud moi aussi, je retourne au vestiaire, je vais laisser mon pull.
3 commentaires:
la prochaine fois tu me dis qui c'est les grands méchants qui t'embêtent dans les bars de jours je vais te leur en coller une moi, non mais s'attaquer a un plus fragil que soi c'est trop facile, ah les grosses brutes!Vilain va, hétéro plein de fantasme d'homo.Tiens.l'ont pas voler celle la.
Ca ira quand même ma petite souris chérie?
Carla Bruni.Présidente du comité de défense des plus petits que soi.
Tout ce paragraphe pour ta chute, Jenny, tu exagères.
plus court: carla-caca-sarkozy-zyzy(petit zyzy)
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