Une bousculade, dans l’entrée, les gens qui s’entassent devant le vestiaire ont l’humour un peu convenu, une joie de vivre de bon ton, des cons. Je me tiens à carreau, j’attends. La fille a l’air de s’affairer au milieu des manteaux et des parkas, pas un sourire et ses seuls mots sont « vestiaire obligatoire c’est deux euros », qu’elle répète autant de fois qu’elle peut. C’est une jeune, brunette, joufflue, de premier abord on ne dirait pas qu’elle est antipathique. Et puis c’est vrai qu’on a le droit de ne pas être joyeux tout le temps. C’est comme les caissières des supermarchés ou les ouvriers du BTP, je respecte la mauvaise humeur des employés auxquels on confie les tâches de merde. Je donne un sourire, enfin on fait ce qu’on peut. Quand je lui découvre ma dentition, à la mégère du vestiaire, je dois avoir l’air penaud du mec gentil mais qui n’est pas dans son meilleur soir, eh oui, les clients aussi ont des journées de merde. Je me fais l’effet d’être un de ces pédés qui puent la solitude et qui hantent les lieux protégés par le rainbow flag, à la recherche d’un peu moins de solitude.
« J’ai déjà un portemanteau, tu peux ajouter mon pull s’il te plait il fait grave chaud… »
Je lui tends mon pull et là elle me fait un truc que je n’ai pas prévu, elle secoue la tête. Non.
« Hein ? Pourquoi tu veux pas ? »
Elle boude elle fait encore non, mais elle ne dessert les lèvres que pour le type qui se pointe dans le sas, vestiaire obligatoire, deux euros. Moi je ne comprends toujours pas ce qui m’arrive, je suis sage, j’attends une seconde.
« Ecoute voilà mon ticket, tu le vois bien mon ticket, j’ai un ticket de vestiaire tu ne peux pas mettre mon pull avec ma parka ?»
De nouveau, elle opine du chef, avec plus de vigueur cette fois, il se pourrait que je commence à l’agacer. Elle est bien bonne.
« Si tu veux un autre vestiaire c’est deux euros »
Bon dieu de bon dieu, même dans une boîte à pédés j’inspire le mépris à une femme.
« …Tu es déjà venu poser ton pull tout à l’heure, tu me prends pour une conne ?
– mais enfin tu me confonds avec quelqu’un regarde je l’ai dans la main mon pull »
Le videur derrière me fait une petite remontrance, vas-y rentre avec ton verre et ton pull, il y a la queue dehors, pas de temps à perdre avec toi.
« M’enfin ! Quand même ! J’arrive elle rend ce service à un mec, et elle ne pourrait pas me le rendre ! En plus je lui ai demandé tout à l’heure si je pouvais revenir…
– Non mais ce n’est pas la peine de discuter Monsieur »
Attends, moi je trouve que c’est la peine. Je n’aime pas l’injustice. La fille dit que je suis déjà venu lui donner mon pull alors que je l’ai dans la main, c’est du delirium tremens caractérisé. Et si elle croit que je collecte tous les pulls du coin…
« Non mais il ne faut pas discuter Monsieur.
– …elle n’aura qu’à me donner mon portemanteau elle verra tout de suite que ce n’est pas le cas, non, vous n’êtes pas d’accord ? »
Alors le videur demande mes affaires et sans même vérifier mes dires me pousse vers la sortie.
« Maintenant vous sortez Monsieur, vous avez fini votre verre, vous le posez et vous sortez. »
Comme j’esquisse une petite protestation, il s’énerve et il m’envoie balader sur le trottoir. J’enfile vite mon pull et ma Parka, il faisait – 2°C en plein soleil tout à l’heure. J’ai une rage profonde qui me tenaille. J’ai honte aussi devant les gens qui me jettent des coups d’œil étonnés, peut-être même méprisants, qui attendent pour entrer dans cette boîte dont la porte blindée arbore les couleurs de l’arc-en-ciel.
9 commentaires:
hein hein, en fait t'avais deux pulls alors?
Jennifer presidente de désolé mais les mecs bourés en boite qui font des blagues a la fille qui tient le vestiaire la je peux pas.
C'était toi le mec qui n'a plus de cheveux avec des basquettes bleues électriques, si c'était toi je t'ai croisé dans le sas pendant que tu négociais avec la femelle j'ai suivi votre dispute
Et alors, c'est vrai, tu n'en avais qu'un de pull ?
ô suprême et mysterieux mâle:
désolé, moi j'ai des bottes vertes a talons un peu comme une femelle tu vois.
Pourquoi tu lui as pas dis d'aller se faire foutre à cette conasse!!
y'a de ces abruties!
signé Eugénie,tu vois je viens sur ton blog regulierement, tes histoires me plaisent. Moi, je vais virer le mien, il est à chier, j'arrive pas à dire ce que je veux, et je suis très déçue du résultat, et puis ça plait à personne. Et puis merde!
hum. Je voudrais rappeler à tout le monde que Premier Jet est un Roman.
Mais, d'accord, pourquoi pas, on dira que l'auteur est chauve, qu'il porte parfois des chaussures bleues électriques et il se trouvera bien, dans cette histoire, une "femelle" qui enfilera de longues bottes vertes à talons.
Eugénie je te demande de continuer : ce que j'ai lu me plait. Tout n'est pas parfait mais... tu n'as pas cru que l'écriture était chose simple, non ? Alors au boulot !
putain c'est quoi ce blog un chauve avec des chaussures bleues electriques...pourquoi pas une robe a fleur tant qu'on y est.
pour les bottes vertes a talons gaffes, j'ai un copiright
Un roman. Le gibet pour sigisbée.
ouais zazamzoum, et devinez qui le pendra, une femelle (une moche ca changera) avec des après ski.
Putain c'est la guerre...
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