On dormait dans les bras l’un de l’autre, ou presque, dans les limites de mes possibilités : oui parce qu’il y avait des moments de la nuit où j’éprouvais le besoin de m’écarter, eh, quoi, je n’ai pas l’habitude qu’on tienne autant à moi. En faits, je ne dormais guère à côté de l’oiseau blanc, je le regardais dormir et je ressentais la douceur d’un bras qui me cherche et m’enserre. Pour entendre la sienne, il m’arrivait de retenir ma respiration. J’étais en suspension. Mon bel amour, mon bel amour.
L’oiseau s’est envolé. Je me sens vide, sans but, il n’y a rien, comme lorsque j’ai regardé la télé toute la nuit et qu’au moment de me coucher je ne me rappelle plus ce que j’ai vu. Sauf que là c’est toute la journée. Sauf que j’étais bien avec lui. J’aurais voulu le faire exploser en vol, qu’il jouisse comme jamais, je ne savais pas du tout comment m’y prendre mais voilà, c’est ce que je voulais. Qu’il trouve, grâce à mes jeux, avec ma langue, la volupté absolue, celle dont on ne veut plus se passer, celle qu’on voudrait éternelle. J’ai souvenir du poids d’un oiseau blanc sur ma poitrine, qui chassait cet air qui ne me remplit pas, qui circule au contraire entre ma tête et mon ventre en un grand courant insipide et tiède. Tomber. De toute ma hauteur, éprouver la dureté du sol, la chute, imiter ce poids sur moi. Expulser le vide.
2 commentaires:
Le premier jet est toujours un peu pousser par le vent...
...pourvu que ce ne soit pas un vent mauvais !
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